Bien que peu compétitif, le créneau du schiste ressort à chaque fois tel un jocker. Malgré les lourds investissements que requiert son exploitation, un rapport du réseau mondial de défense de l'environnement, «les Amis de la Terre», place le Maroc parmi les trois plus grandes réserves de cette ressource. Il s'agit plus précisément d'une sorte de pétrole non conventionnel, attendu pour être la source d'énergie de substitution au pétrole conventionnel. Le Maroc dispose ainsi d'une dizaine de gisements en huile de schiste, dont seulement trois font actuellement l'objet de contrats d'exploration à Tanger, Timahdit et Tarfaya. Le tout, pour une capacité totale estimée entre 50 et 55 milliards de barils d'huile de schiste à extraire. Les experts de l'organisme international tablent sur un rush de compagnies étrangères pour son exploitation, dans les décennies à venir. Ce qui suppose d'importantes retombées commerciales pour le Maroc, et les deux autres pays du monde à disposer de réserves aussi importantes (Etats-Unis et Jordanie). Au-delà de l'offre exportable, le pays pourrait également s'autosuffire en sources d'énergie fossiles, et réduire progressivement sa dépendance au pétrole conventionnel. En effet, d'après les chiffres de l'Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), «une production de 50.000 barils par jour, couvrirait plus de 40% des besoins énergétiques du Royaume». Toutefois, nous en sommes encore loin. En cette fin de décennie, l'option schiste ne reste que très vaguement envisagée dans la stratégie gouvernementale de mise en valeur des ressources minières du pays. Le faible résultat obtenu du rapport coûts d'exploitation/rentabilité (une unité de production coûterait dans les centaines de millions de dollars), et les difficultés techniques liées à l'exploitation du schiste, en sont les principales causes. De plus, les méthodes exploratoires utilisées au Maroc ne sont pas souvent assez développées pour permettre une cartographie précise et concise des gisements découverts, ce qui en complique l'extraction. Néanmoins, le terrain est loin d'être déserté. La vision prospective des «Amis de la Terre» sur l'intérêt d'un business mondial en développement autour de l'huile de schiste, est aujourd'hui quelque peu confortée par le nombre de sociétés étrangères qui opèrent sur le territoire national. «Les incitations fiscales lancées par les autorités marocaines et la mise à niveau juridique (un code spécifique au schiste est en cours d'élaboration) ont permis d'attirer plusieurs opérateurs», indiquent les experts. En 2008, l'Onhym s'était ainsi attaché les services de la compagnie pétrolière brésilienne, Petrobas, pour évaluer et confirmer le potentiel extractif des gisements de Timahdit. La multinationale Total avait ensuite rejoint le projet à travers un accord de coopération technologique, conclu avec Petrobas. En 2009, c'est au tour de la compagnie pétrolière irlandaise San Leon Energy d'annoncer la signature, avec l'Onhym, d'un MOU (Memorandum of understanding, ou Mémorandum d'entente), d'une durée de trois ans, pour l'utilisation de la technologie IVE (In-Situ Vapour Extraction) sur le site de Tarfaya. La première phase de ce partenariat devrait aboutir avant fin 2010.