La Société nationale de sidérurgie (Sonasid) a raison de s'inquiéter. Et pour cause, le secteur de la sidérurgie connaît, depuis le troisième trimestre 2011, un retournement de tendance radical. Après plusieurs années de hausse, les prix de la billette (semi-produit) et du rond à béton (produit fini) n'ont cessé de lâcher du terrain pour revenir à des niveaux historiquement bas. L'impact sur l'opérateur historique de la sidérurgie est évident. Sonasid fait partie de la catégorie des opérateurs intégrés qui, à partir de la ferraille, procèdent eux-mêmes à la production de la billette, puis du produit fini. L'autre catégorie de sidérurgistes, à savoir les opérateurs non intégrés, disposent uniquement d'un laminoir. Ces derniers achètent la billette sur les marchés nationaux ou internationaux pour la production du produit fini. On citera sur le marché marocain, des industriels tels que Somasteel, Moroccan Iron Steel ou encore Ynna Steel. C'est à partir de ce constat que les analystes d'Attijari Intermédiation (ATI) ont soulevé, dans leur dernière lettre mensuelle, la question de l'impact de l'effondrement du cours de la billette à l'international sur la performance de Sonasid. Il est évident que les opérateurs intégrés disposent d'une meilleure gestion de leurs chaînes de production, puisqu'ils sécurisent à la fois leur approvisionnement en billette et dans une moindre mesure, leur coût de production. Il est à noter que, durant les phases de croissance économique soutenue, la billette se fait rare et son prix augmente très rapidement. En effet, dans de telles situations, les sidérurgistes préfèrent consommer la billette en interne, afin de la transformer en un produit fini à forte valeur ajoutée. Cependant, dans le contexte actuel des choses, un contexte macroéconomique morose marqué par un ralentissement de la demande mondiale, les opérateurs intégrés privilégient l'écoulement de leurs stocks de billette. Ces pratiques exercent des pressions baissières sur les cours de la billette, comme c'est le cas aujourd'hui.Dans ces conditions, les analystes d'ATI estiment que la chute des cours de la billette à l'international met en lumière deux risques de taille pour la Sonasid. Dans un premier temps, la poursuite de la baisse des prix de la billette pourrait pousser les concurrents de la Sonasid à s'orienter davantage vers les marchés internationaux, afin de sécuriser leur approvisionnement. Dans un contexte de surproduction du marché local, ces opérateurs pourraient dupliquer la baisse de la billette sur le prix de vente pour d'écouler leurs stocks et gagner des parts de marché supplémentaires. Mais ce n'est pas tout. Le marché marocain ne pourrait rester indifférent face à une chute des cours de la billette et du rond à béton à l'international de respectivement 46,4 et 8,5%, sur les 10 derniers mois. ATI avance que la menace des importations serait plus forte au second semestre de cette année. Une situation qui peut être affectée davantage avec le positionnement des opérateurs espagnols, qui se disent disposés à liquider leurs stocks de rond à béton au prix coûtant.