Le secteur du cuir aura finalement sa Bourse. L'Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (ANPME) planche en effet sur la mise en place de cette structure à Fès. «Il s'agit là de l'application des recommandations de l'étude sur la restructuration du secteur», commente Jamal Bahar, DG de la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC). Bien évidemment, la création de cette Bourse vise l'organisation du secteur et l'instauration de la transparence en matière de négoce. Aujourd'hui, le secteur souffre de certaines pratiques douteuses (liées surtout à l'expansion de l'informel), qui grèvent sa compétitivité. À titre d'exemple, un tanneur est obligé d'acheter des peaux en vrac, en courant le risque que 30 à 40% de la marchandise soit inutilisable. «La Bourse permettra aussi de mettre en place un classement des peaux, ainsi qu'un prix d'acquisition calqué sur le prix du marché», précise Bahar. Autrement dit, cette Bourse induira une amélioration de la qualité, avec des prix compétitifs et permettra aux entreprises marocaines de rattraper leur retard sur leurs concurrents étrangers. À ce niveau, il faut rappeler que les grandes entreprises avec une bonne assise financière arrivent facilement à s'accaparer une bonne partie de l'offre sur le marché. Ceci, sans oublier la grande concurrence des entreprises étrangères, notamment turques et chinoises, qui s'approvisionnent sur le marché marocain. Par ailleurs, notons que la mise en place de cette Bourse intervient dans une conjoncture où le secteur, comme l'affirment les professionnels, évolue dans une crise sans pareille, due à la morosité économique, notamment en Europe et plus particulièrement en Espagne. Ce pays absorbe plus d'un tiers des produits marocains. «Aujourd'hui, selon les données recueillies auprès de nos adhérents, les commandes ont baissé de 20 à 40%», affirme le DG de la FEDIC. Pire encore, 4 entreprises ont été fermées et 30 sont en veille. Et cette situation se corse avec «l'invasion» des produits chinois. «Nous avons à cet effet, tenu récemment une réunion avec les services de la Douane pour activer les mesures relatives au respect des normes», révèle Bahar. Pour rappel, le secteur fait également face à d'autres problèmes freinant son développement. C'est le cas notamment des défauts constatés sur les matières premières (peaux), dus entre autres, à la faiblesse de mécanisation des abattoirs au Maroc. Mobilisation À cela, s'ajoute la mauvaise conservation des peaux. Pour faire face à tous ses problèmes, la Fédération mène depuis quelques temps déjà, plusieurs chantiers structurants qui sont en cours de réalisation. En outre, la Fédération mène également des opérations B to B comme cela a été le cas à Paris dernièrement et à Berlin en juin dernier. «Il s'agit aussi de diversifier le marché des exportations en visant plus particulièrement celui Africain», ajoute Bahar. À cet effet, la Fédération compte inviter pour son salon MAROCUIR, qui se tiendra du 4 au 6 octobre prochain, des entreprises ivoiriennes, algériennes et sénégalaises.