Si l'année 2011 s'est terminée dans le vert pour un des métiers mondiaux du Maroc, à savoir le secteur du cuir, ce premier trimestre 2012 n'est pas de bon augure, les exportations ayant régressé de 8%. La morosité de la conjoncture européenne se répercute sur le secteur fortement exportateur. Ainsi, les carnets de commandes de l'Europe, partenaire classique, ont baissé de 30% pour ce trimestre, comme le souligne Jamal Bahar, Dg de la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC). Autre souci majeur, outre la conjoncture et touchant beaucoup plus la filière de la chaussure, colonne vertébrale du secteur, c'est la concurrence asiatique et spécialement chinoise qui va en s'amplifiant (www.lesechos.ma). C'est en ce sens que les professionnels du secteur du cuir ont sollicité de la part du ministère de l'Industrie, mardi dernier, le renforcement du contrôle de l'importation et de la qualité des chaussures en provenance d'Asie. «Nous sommes convaincus de la qualité et de la compétitivité de la chaussure marocaine qu'on retrouve quand même à Tokyo, New York et en Afrique, en dehors de l'Europe, qui est notre client classique», note Bahar. En amont, les menaces pour le secteur ne manquent pas non plus, notamment en ce qui concerne les matières premières et l'approvisionnement des artisans, des tanneurs et des industries de transformation du cuir dans un marché dorénavant soumis à la spéculation. Selon la FEDIC toujours, un tel état de fait a déjà été à l'origine de fermetures de quelques TPE sous-traitantes et menace la totalité du secteur. Ainsi,une commission mixte entre les professionnels et le département de l'Industrie a-t-elle vu le jour pour parer aux menaces via des stratégies de développement. Des actions de benchmarking sont aussi prévues à partir de ce dimanche, où une délégation de professionnels de la FEDIC se rendra en Italie, dans le cadre de la consolidation des relations et plus précisément dans la commune Solofra, considérée comme le quartier général de l'activité de la tannerie italienne et de ses annexes. Plateforme intégrée... loading Lors de la rencontre avec le ministre de l'Industrie, mardi dernier, la FEDIC a aussi mis l'accent sur l'importance de la concrétisation du projet de mise en place du district du cuir au niveau de la Plateforme industrielle intégrée (P2I) de Ras El Ma, à Fès, qui constitue un projet structurant pour le secteur, notamment pour les industriels de la région. Ainsi, quelque 50 ha seront consacrés au secteur du cuir (tannerie, cuir, chaussures). «Il y a toutefois un retard du côté de l'aménageur Med Z, alors qu'il y a urgence pour le secteur», apprend-on auprès de la FEDIC. Cette plateforme permettra une production green dans le cadre d'une activité fortement polluante à la base, ainsi qu'une hausse considérable de l'investissement, qui pourra tirer le secteur vers le haut, avec 200 ha dédiés à une zone franche, destinée à accueillir les investissements orientés vers l'export. Elle comprendra aussi un volet logistique, sous forme de dépôts. Marché local... peut mieux faire Néanmoins, le marché local, qui représente un énorme potentiel, n'est pas encore dûment exploité. S'il est estimé à 70 millions de paires par an, selon la FEDIC, la concurrence chinoise en détient une bonne part. «C'est en ce sens que nous organisons une foire à Fès au cours du mois de juin prochain, pour revaloriser la chaussure marocaine, qui est de bonne qualité et sensibiliser le consommateur à cet effet», affirme Jamal Bahar.