Les professionnels plaident pour la restructuration de leur secteur et la maîtrise de l'approvisionnement . Le but étant de tirer l'industrie du cuir de la sous-traitance vers la co-traitance et le produit fini. Le secteur de la tannerie au Maroc se sent menacé. Malgré la reprise du marché, les choses vont de travers pour les petits et moyens tanneurs. Les professionnels du secteur déplorent la situation qui sévit actuellement dans leur périmètre. «Nous remarquons actuellement une forte demande à l'international du cuir marocain qui est connu pour sa qualité, notamment de l'Italie, de la Chine et de la Turquie», souligne à Alm Jamal Bahhar, directeur général de la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC). Et de poursuivre que «l'accroissement de la demande a engendré une forte pression d'où une augmentation des prix de vente de la peau brute». Certes, le volume des exportations du cuir sur le plan national a connu une montée vertigineuse. Après s'être, autrefois, établi à 925 tonnes, elles ont grimpé actuellement à 15.000 tonnes. La répercussion est évidente sur les prix de l'unité. Dans ce sens, le prix de la peau brute ovine est passé, à ce jour, de 22 dirhams à 70 dirhams l'unité. De même, le prix de la peau brute bovine s'est fixé à 450 dirhams l'unité contre 180 dirhams précédemment. Cette inflation est contrariante pour les différents acteurs du secteur. «La rareté de la peau est l'un des facteurs principaux qui porteront préjudice au développement du secteur. C'est une situation dangereuse qui nécessite une mobilisation impérative de tous les opérateurs concernés», souligne M. Bahhar. En effet, les petites et moyennes tanneries rencontrent des difficultés à accéder à la matière première. Et par conséquent, les transformateurs (confectionneurs) n'ont plus de visibilité sur l'avenir. «Les confectionneurs ne s'engagent plus dans des appels d'offres. Ainsi d'importantes commandes à l'internationale ont été refusées», déplore le directeur général de la FEDIC. Pour rattraper le temps perdu, la fédération est partie à la rencontre des pouvoirs publics pour présenter leurs doléances. La dernière en date fut mardi 14 juin avec Abdellatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur. Les professionnels ont plaidé pour «la restructuration de leur secteur et la maîtrise de l'approvisionnement». «Nous avons pour ambition de tirer l'industrie du cuir de la sous-traitance vers la co-traitance et le produit fini», explique M. Bahhar, précisant qu'il est utile de mettre en œuvre une stratégie pour préserver leur matière première à l'instar du secteur du sucre et des huiles. A cet effet, plusieurs mesures sont envisagées, en vue de remédier à cette situation. Il s'agit d'instaurer un contrôle systèmatique des exportations de ces produits.Le but étant de prévenir le risque de substitution du cuir semi-fini par le «wet blue», soumis à licence d'exportation. La fédération appelle également au contrôle de la valeur des exportations pour lutter contre les manœuvres éventuelles en terme de facturation à l'exportation. En marge de la réunion avec les responsables du département du Commerce extérieur, un comité interministériel public-privé a été institué en vue de la mise en œuvre des différentes mesures arrêtées à ce sujet. En outre, la FEDIC définit une dizaine de mesures structurantes allant de la modernisation de l'équipement jusqu'à l'encadrement de la main-d'œuvre. Notons que le Maroc s'ouvre à de nouveaux marchés en l'occurrence le Benelux et l'Afrique, en plus de la France et l'Espagne qui représentent la première destination à l'exportation.