La donne est confirmée : la croissance se fera sur un rythme bien ralenti cette année, comme le laissaient présager, il y a juste quelques semaines, les dernières révisions du Haut commissariat au plan. En effet, au moment où cette structure table sur 2,4% en variation de PIB, le Centre marocain de conjoncture (CMC) est un tantinet plus optimiste et prévoit un taux de 3% pour 2012. Cette prévision se situe en recul de deux points par rapport à 2011, et plus d'un point et demi comparativement à la moyenne des cinq dernières années. «Cette perspective placerait l'année 2012 au plus bas niveau de la dynamique de croissance enclenchée depuis 2010 et qui, du point de vue de l'analyse des cycles, représenterait la phase ultime d'une période de basse conjoncture», explique-t-on auprès de l'observatoire privé. Les contributions sectorielles à la création de valeur sont à des niveaux relativement différenciés. Néanmoins, ce qui a le plus plombé la croissance marocaine, c'est évidemment la contraction d'activité relevée sur l'évolution du secteur agricole, cette année. Pour le CMC comme pour le HCP, l'année 2012 reste marquée par les conditions climatiques défavorables en comparaison avec 2011, impactant négativement les résultats de la campagne agricole au niveau de la production des cultures céréalières. Ces dernières sont en recul de production de près de 40% d'après les dernières actualisations du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime, en comparaison à la campagne précédente. Le second grand facteur de ce repli de la croissance du PIB, est à aller chercher dans le repli des principaux marchés à l'export du Maroc, notamment ceux de la zone euro. Le CMC relève en effet une tendance affirmée de ralentissement de la croissance de la demande mondiale adressée au Maroc, passant d'un taux de 7,8% en 2010 à 5,8% en 2011 et à 2% pour 2012. À ces deux grands boulets s'ajoute aussi un constat de ralentissement de la demande intérieure, que la récente mesure gouvernementale de hausse des prix des hydrocarbures ne devrait pas soulager. Dans la même lancée, l'observatoire privé brandit également «le risque d'un retour à la spirale inflationniste». Nouveau cycle Sur une vision plus prospective, ce ralentissement global de l'économie marocaine devrait se prolonger en 2013. Le prochain exercice laisse toutefois entrevoir un léger regain de dynamisme de la croissance marocaine. L'observatoire privé mise en effet sur un taux prévisionnel de 4,1%. Cependant, cette embellie attendue est assujettie à plusieurs conditions. L'une des principales, est bien sûr liée à de «nouvelles perspectives» plus optimistes de la conjoncture au plan international, et dans l'hypothèse - beaucoup plus aléatoire cette fois-ci - d'un retour à des conditions climatiques plus favorables. «Même s'il peut paraître assez modeste en comparaison aux fortes performances des années 2000, ce rythme de croissance peut être annonciateur d'un nouveau cycle économique ascendant, dans un contexte plus propice à l'entreprise et à la prise de risque», justifie-t-on auprès du CMC.