Dans un contexte économique délicat, marqué par la dégradation de la situation financière des entreprises relevant des secteurs ayant subi les contrecoups de la crise économique internationale, les banques locales sont parvenues à maintenir le cap en 2011. Leurs performances, en dépit de la remontée du coût du risque et du resserrement de la réglementation bancaire par Bank Al-Maghrib, pour prévenir les incertitudes de la conjoncture actuelle, ressortent globalement satisfaisantes, comme en témoigne le bon comportement de leurs principaux indicateurs d'activité. Le résultat net des banques s'est, ainsi raffermi de 3,5% à 10 MMDH (+5,4% en 2010), se traduisant par une rentabilité des fonds propres (ROE) établie à 13,4% et une rentabilité des actifs (ROA) à 1,1%. Ces améliorations tiennent à la progression du produit net bancaire (PNB), l'un des éléments pertinents de mesure de l'activité. Cet agrégat, s'est chiffré à 36 MMDH, en hausse de 9,3% sur un an, suite au ralentissement de la marge d'intérêt et du résultat des opérations de marché. La marge sur commissions, elle, s'est inscrite en progression plus importante. Pour le détail, la première composante du PNB, la marge d'intérêt, s'est établie à 26,8 MMDH, enregistrant un taux de croissance moindre qu'en 2010, soit 7,8% contre 10,4%. Cette évolution est intervenue dans un contexte marqué par une stabilisation, sur un plan global, des coûts des ressources et des taux d'intérêt débiteurs. La marge sur commissions, représentant 13,4% contre 12,5% l'année passée, s'est chiffrée à 4,8 MMDH, marquant une progression de 16,6%, contre 8,6% en 2010. Bancarisation en amélioration Quant aux revenus, liés aux activités de marché, totalisant 3,9 MMDH, ils ont accusé une nouvelle décélération de leur rythme de progression, soit 5,7% contre 14,4%. Leur part dans le PNB a baissé de 0,4 point pour se fixer à 10,8%. Pour ce qui est du résultat brut d'exploitation (RBE), il s'est élevé à 18,7 MMDH, enregistrant ainsi une hausse de 4,7%, contre 8,6% en 2010. Cette évolution s'explique par des charges générales d'exploitation; en appréciation de 13,3% à 17,2 MMDH, du fait notamment des augmentations salariales accordées au cours de 2011, dégageant un coefficient moyen d'exploitation de 47,9%, contre 46,4% en 2010. Sur le plan commercial, les établissements bancaires ont poursuivi leur politique visant à servir de nouveaux segments de la population. Ainsi, le taux de bancarisation, calculé en rapportant le nombre total des comptes ouverts auprès des banques à la population, s'est amélioré de 4 points d'une année à l'autre, pour ressortir à plus de 54%, reflétant l'effort consenti pour atteindre l'objectif de bancariser les deux tiers de la population dans les 2 à 3 années à venir. Seulement, le secteur demeure concentré. La concentration des dépôts a enregistré une hausse d'un point, à 65,7% pour les trois premières banques et de 0,6 point à 80,5% pour les cinq premières. S'agissant des crédits, les trois premières banques ont été à l'origine de 64,1% des encours distribués, en hausse de 1,4 point et les cinq premières de 80,6%, en progression de 0,9 point. Sur un autre registre, les banques à capital privé majoritairement marocain, tirant profit de l'étendue de leur réseau, disposaient à fin 2011 de 50,6% des guichets, 64,9% du total actif, 65,8% des dépôts et 64,2% des crédits. Les banques à capital majoritairement étranger détenaient, quant à elles, 19,5% des guichets, 19,7% du total actif, 19,8% des dépôts et 22,2% des crédits. Pour leur part, les banques à capital majoritairement public concentraient 29,9% des guichets bancaires, 15,4% du total-actif, 14,4% des dépôts et 13,6% des crédits. Dégradation de la qualité des crédits Sur un autre registre, les créances en souffrance des banques, après les baisses successives enregistrées depuis 2005, se sont accrues de 10% pour totaliser un encours de 32,7 MMDH. Une hausse qui ne fait que refléter la dégradation de la qualité du crédit au niveau de certains secteurs ayant subi les contrecoups de la crise économique internationale, qui a frappé les économies partenaires du Maroc. Selon le rapport 2011 de BAM sur le contrôle, l'activité et les résultats des établissements de crédit, la montée des risques a concerné les secteurs du bâtiment et travaux publics, du transport maritime ainsi que celui du tourisme. Toutefois, le ratio moyen des créances en souffrance s'est stabilisé autour de 4,8%. Les créances en souffrance ont été couvertes par des provisions à hauteur de 69%, contre 70% en 2010. La répartition sectorielle des crédits par décaissement montre que la plupart des secteurs de l'économie ont maintenu leurs parts inchangées, à l'exception des ménages qui ont vu leur poids baisser légèrement au profit du secteur des bâtiments et travaux publics. Le secteur des industries a disposé d'un encours de crédit de 126,3 milliards, marquant une hausse de 11,2%. Sa part dans le total des crédits s'est affichée à 18,4%, identique à celle de 2010. Cette évolution a profité notamment aux activités relevant du secteur de l'énergie et de l'eau ainsi que des industries manufacturières. Quant aux prêts au secteur des bâtiments et travaux publics, ils se sont renforcés de 16,2% à 95MMDH, dont près de 71% ont bénéficié aux promoteurs immobiliers. La part de ce secteur dans le total des crédits s'est accrue de 0,7 point à près de 14%. Représentant 6,6% du total, les prêts au secteur du commerce se sont hissés de 9% à 45MMDH, contre 4% une année auparavant, une évolution qui résulte notamment de la hausse des crédits accordés aux négociants des céréales et aux sociétés de grande distribution. Les crédits au secteur de l'hôtellerie, eux, représentant 2,8% du total, se sont redressés de 8% à 19 MMDH, après une baisse de 4,9% en 2010, une année marquée par des opérations de radiation de créances en souffrance. Contrôle du risque renforcé Les banques ont maintenu globalement un bon niveau de solvabilité, tel que mesuré par le ratio dit Tier one, indicateur clé pour apprécier leur solidité. Sur une base consolidée, ce ratio s'est ainsi établi à 9,8%, tandis que le ratio de solvabilité global a atteint 12,4%. Dans le cadre de sa politique proactive visant à renforcer la résilience du secteur bancaire et à le préparer aux défis de la réforme de Bâle III, Bank Al-Maghrib a décidé, en avril 2012, de rehausser le niveau minimum du Tier one à 9% et celui du ratio de solvabilité à 12%, tout en relevant les exigences ayant trait aux règles relatives à la division des risques. Face aux nouveaux enjeux auxquels sont exposés les établissements de crédit, du fait des incertitudes liées à la conjoncture économique, Bank Al-Maghrib a renforcé sa surveillance des risques bancaires et de leurs méthodes de gestion.