«Nous souhaiterions remercier nos confrères africains, qui nous ont rejoints dans cette cause noble qui est de défendre la dignité des peuples africains, et nos confrères français, qui nous ont proposé leur aide et leur conseil», s'est félicité en fin de semaine dernière Me Mourad Elajouti, vice-président du cercle des robes noires au Maroc, assurant que «le combat» se poursuit combat comme promis. En effet, «nous étions assaillis par les médias et en concertation avec nos différents confrères pour se mettre d'accord sur notre plan d'action juridique», a-t-il poursuivi, ajoutant qu'un collectif d'avocats africains contre le racisme et les essais cliniques en Afrique a été créé, composé de plusieurs pays dont le Cameroun, le Gabon, les îles Comores, l'île Maurice, la Réunion, Madagascar, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, la Tunisie et le Maroc. Le club des avocats se réjouit également du soutien de l'Union panafricaine des avocats par le biais de son secrétaire général Me Abdoul Bagui Kari. Il faut dire que, parallèlement à ce soutien «africain», les choses commencent à bouger en France, affirment les avocats marocains. Selon eux, le Parquet du Tribunal correctionnel de Paris a reçu le week-end passé un signalement lui demandant d'engager «une poursuite à l'encontre des auteurs des propos racistes». Notons qu'en France, cette action en justice peut être exercée d'office par le Ministère public lorsque la diffamation ou l'injure est commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance, selon les dispositions l'article 48 de la loi relative à la liberté de la presse du 29 juillet 1881, modifié par la loi n°2013-711 du 5 août 2013 – art. 21 (V). Concernant le dépôt de la plainte, si aucune date n a été à ce jour avancée, les plaignants ont largement le temps de peaufiner les arguments juridiques étant donné que le délai de prescription des faits est d'un an. Des essais non éthiques Rappelons aussi qu'à cause de l'état d'urgence sanitaire déclaré en France, les tribunaux français sont fermés depuis lundi 16 mars en raison du coronavirus, sauf pour le traitement des «contentieux essentiels». Il faudra attendre la fin de la crise pour déposer ladite plainte, qui vise les professeurs Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation de l'Hôpital Cochin, et Camille Camille Locht, chercheur microbiologiste à l'INSERM, pour diffamation raciale auprès du procureur de la République française. Dans une séquence vidéo attribuée à la chaîne d'information française LCI il y a plus d'une semaine, on les voit discuter d'un test du vaccin BCG sur la population africaine, choquant ainsi les internautes. Sur les réseaux, notamment Twitter, beaucoup d'Africains ont laissé exploser leur colère. Après Samuel Eto'o, qui n'a pas hésité à utiliser des mots durs, Didier Drogba s'est indigné de la vidéo, appelant les dirigeants africains à ne pas céder à ce genre de pression. En France, SOS Racisme a annoncé vouloir saisir le CSA. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses du sexe (STRASS) a également réagi en dénonçant «des essais non éthiques au profit des labos occidentaux, tandis que l'accès aux traitements reste réduit par rapport aux pays riches». Au Maroc, suite à ces propos «abjects, haineux et racistes prononcés sur la chaîne d'information LCI», le Club des avocats a décidé de mener une action devant la justice française. Ceux-ci sont passibles d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.