La filière des fruits rouges en Espagne est dans la tourmente. Tous ses efforts pour que les saisonnières marocaines recrutées au Maroc soient autorisées à se déplacer à Huelva n'ont pas abouti. «Nous avons contacté la semaine dernière la sous-délégation du gouvernement à Huelva pour examiner la possibilité de débloquer la situation des journalières marocaines, lesquelles n'ont pas pu venir. Hélas, l'administration centrale nous a clairement signifié que pour cette saison agricole, il faudrait composer avec les effectifs disponibles sur place», a déclaré aux Inspirations Eco, Mireia Humanes, la porte-parole d'Interfresa, l'association interprofessionnelle des producteurs de fruits rouges en Andalousie. Actuellement, elles sont environ 7.000 saisonnières à s'affairer dans les champs de fraises et fruits rouges dans la province de Huelva. Or, initialement, il était prévu que pas moins de 19.000 ouvrières agricoles marocaines soient recrutées durant cette campagne agricole. «A priori, c'est le chiffre autorisé par les autorités compétentes mais concrètement, environ 15.000 arrivent chaque année, généralement à cause de la lenteur des démarches administratives», souligne notre source. Pour cette année, la main-d'œuvre se fait rares à cause de la fermeture des frontières marocaines et la crise sanitaire qui s'est abattue sur l'Europe. De plus, plusieurs pays européens recherchent désespérément des journaliers agricoles. Ceux-ci provenaient de l'Europe de l'Est principalement mais aussi de l'Espagne. À cet effet, l'Union européenne a demandé aux pays communautaires de faciliter la circulation de ces travailleurs, en estimant que leur activité fait partie des professions dites essentielles. De fait, la filière espagnole a dû mal à recruter en temps normal des travailleurs espagnols. Ceux-ci préfèrent toucher les allocations chômage au lieu de cueillir les fruits dans les exploitations agricoles. Avec cette crise sanitaire, le nombre restreint de journaliers qui s'affairaient dans ce secteur espagnol préféreraient à présent se diriger vers un pays européen comme la France ou l'Allemagne où les prestations salariales sont bien plus importantes. Par conséquent, le contingent des Marocaines recrutées dans les exploitations agricoles est contraint de redoubler d'efforts. La journée de travail sera plus intense et les ouvrières nationales seront appelées à effectuer des heures supplémentaires pour suppléer la pénurie de la main-d'œuvre. «Elles seront rémunérées comme le stipule la convention collective régissant le secteur agricole andalou et toutes les heures supplémentaires seront comptabilisées et payées. Nous respectons nos engagements et nous veillons à ce que nos employées ne manquent de rien», assure notre interlocutrice. Une autre question se pose avec acuité : quelle sera le devenir des saisonnières quand la saison arrivera à terme alors que la situation épidémiologique reste inquiétante? Pourront-elles se rendre au Maroc ? Face à cette hypothèse, la filière se veut rassurante. «Les saisonnières seront prises en charge et compteront sur une assistance sanitaire et l'appui des médiateurs sociaux jusqu'à ce que la situation soit débloquée», rassure-t-on auprès de la filière. Quant à la situation épidémiologique que traverse le pays voisin, l'organisation agricole assure que toutes les mesures et recommandations des autorités sanitaires espagnoles sont religieusement respectées.