La crise que connaît le marché boursier ces derniers temps n'épargne personne. La majorité des 17 sociétés de Bourse de la place est touchée, sauf quelques unes qui arrivent encore à tirer leur épingle du jeu. Il est évident que les sociétés de Bourse sont les premières à avoir subi les effets néfastes de la faiblesse des volumes sur le marché, puisque leur principale source de revenu émane des commissions perçues sur les transactions de valeurs mobilières. Une première lecture des résultats annuels des sociétés de Bourse, publiés le 30 juin dernier, met en évidence le fait que les structures indépendantes sont en mauvaise passe. Prenons le cas par exemple d'Integra Bourse, dont son commissaire au compte a mentionné dans son rapport général relatif à l'exercice clos au 31 décembre 2012, que «nous attirons votre attention sur la situation déficitaire de la société sur deux exercices successifs à cause de la morosité observée sur le marché boursier». Le même constat est à mettre à l'actif de Wafabourse, filiale d'Attijariwafa bank spécialisée dans la Bourse en ligne. Pour le cas d'Integra Bourse, créée en 2007 dans une conjoncture de marché difficile, elle signe 4 années de déficit malgré les efforts déployés au sein de la société, ayant permis de gagner des parts de marché au détriment d'autres sociétés plus anciennes. Ses produits d'exploitation ressortent en baisse de 35,8%, alors que son résultat net a creusé son déficit à -3,5 MDH. De même, les sociétés de Bourse adossées à des groupes bancaires s'en sortent très mal. En effet, les commissions des transactions sur valeurs mobilières ont chuté de 71,9% pour BMCE Capital Bourse et de 59,4% pour Attijari Intermédiation. Notons que la situation est alarmante et que le marché dans sa globalité est perdant. Pour d'autres, la baisse du chiffre d'affaires a été plus moins maîtrisée, notamment pour CDG Capital Bourse qui enregistre une régression de 10,5% de ses commissions sur les transactions boursières et ce, comparativement à d'autres structures. Par ailleurs, seules les deux filiales du groupe BCP, en l'occurrence Upline Securities et ICF Al Wassit, arrivent à bien s'en sortir et affichent des performances remarquables en termes de chiffre d'affaires et de capacité bénéficiaire. La première réalise une hausse de 217% des commissions perçues sur les transactions du marché et multiplie son résultat de près de 24 fois pour atteindre 25 MDH. La deuxième, quant à elle, spécialisée dans l'intermédiation en ligne, arrive à augmenter ses revenus de 7 fois comparativement à 2010 et son résultat net de 220% à 3,66 MDH. Mis à part la commission sur les transactions boursières, les sociétés de Bourse développent d'autres activités connexes, notamment la garde des titres qui génère des flux importants. Pourtant, cette activité n'arrive pas à compenser la perte enregistrée sur l'activité principale qui est celle de l'intermédiation. Face à une telle situation et en toute logique, la première action consisterait à réduire les charges, notamment celles relatives à l'exploitation. Or, les sociétés de Bourse n'adhèrent pas toutes à cette démarche. Au contraire pour certaines, les charges d'exploitation ressortent en augmentation face à une baisse d'activité. La sonnette d'alarme est tirée, les sociétés de Bourse devraient survivre mais présentent ainsi un risque majeur de disparition à l'instar des autres sociétés qui ont déposé leur bilan. Les principaux perdants seraient le marché boursier, la communauté financière, mais également les effectifs qui y travaillent. Ce nombre est estimé à 255 personnes sur une moyenne de 15 par sociétés de bourse. D'ici là et dans l'attente des réformes, les dirigeants ne ménagent aucun effort pour redresser la situation des sociétés dont ils ont la responsabilité.