Les sociétés de Bourse (SDB) sont dans une très mauvaise passe. Certaines d'entre elles sont même sérieusement menacées. Pour s'en convaincre, il suffit de voir leurs états financiers pour l'exercice 2011 qu'elles ont publiés à la fin du mois de juin conformément à la réglementation. Premier constat, l'effondrement de l'activité qu'on peut facilement déduire de la baisse des commissions sur les transactions, principale source de revenu des sociétés de Bourse. Pour les 17 opérateurs tous réunis, ces commissions sont passées de 350,6 millions DH en 2010 à 222 MDH en 2011, soit une chute de 37%. Conséquence immédiate de cette chute: les résultats nets se sont, eux aussi, effondrés. En 2011, les 17 SDB ont réalisé un résultat net consolidé de 56,6 millions DH contre 141 MDH en 2010, soit 84,5 millions de moins en l'espace d'un an. Mais ces chiffres consolidés cachent en fait des réalités très disparates. L'analyse des états financiers de chacune de ces 17 sociétés de Bourse fait ressortir en fait quatre catégories. Il y a d'abord l'exception Upline Securities (Groupe Banque populaire) qui survole le lot avec des indicateurs tous au vert. Un résultat net de 25 MDH contre 700.000 DH à peine en 2010 et des commissions qui ont littéralement explosé passant de 15 MDH en 2010 à 47,3 MDH en 2011. Loin derrière Upline, arrive un petit peloton de poursuivants constitué de trois gros opérateurs qui sont Attijari Intermédiation, CFG Marchés et CDG Capital Bourse qui ont réalisé des bénéfices respectifs de 15,6 MDH, 13,3 MDH et 12 MDH. Cependant, à la différence d'Upline, les trois poursuivants sont en net recul par rapport à 2010. Surtout Attijari Intermédiation dont le résultat est en baisse de 39 MDH par rapport à 2010 contre 3 MDH pour CFG Marchés et 1,9 MDH pour CDG Capital. Plus loin derrière on retrouve un groupe constitué de 6 sociétés qui sont elles aussi bénéficiaires en 2011 mais avec des résultats moins importants allant de 80.000 DH (autant dire rien pour une SDB) à 3,6 MDH. Dans ce groupe figurent ICF Al Wassit (Groupe Banque populaire), Crédit du Maroc Capital, Sogécapital Bourse, Atlas Capital, Capital Trust et BMCE Capital. La situation de cette dernière est d'ailleurs la plus remaqrquable puisque son résultat net s'est effondré en passant de 36 MDH en 2010 à 86.000 DH en 2011, soit 36 MDH de moins. Si les dix premières SDB de ces trois groupes sont bénéficiaires, les sept restantes ont en revanche perdu de l'argent en 2011. Parmi ces sept trois sont particulièrement en situation difficile, voire inquiétante. Il s'agit d'Eurobourse, Intergra Bourse et Alma Finance qui en 2011 ont perdu respectivement -2,7 MDH, -3,5 MDH et -700.000 DH. Pourquoi ces trois plus particulièrement ? Parce que tout simplement, le niveau de leurs fonds propres s'approche de la cote d'alerte qui est de 5 millions DH qui est le seuil minimal de capitaux propres fixé par la réglementation de la Bourse. Pour l'instant aucune réaction ni commentaire officiels n'ont été signalés du côté du CDVM. Mais une source au conseil qui a requis l'anonymat indique que ce dernier «surveille de très près la situation des sociétés de Bourse» en reconnaissant que «trois particulièrement inquiètent parce que leurs fonds propres ont atteint la frontière dangereuse». Si 2012 continue comme elle a commencé, «le CDVM, affirme la même source, sera certainement dans l'obligation de demander à ces sociétés de Bourse de renflouer leurs capitaux propres». Allusion est faite bien entendu au trio Eurobourse, Integra Bourse et Alma Finance Group qui présentent respectivement des fonds propres de 7,1 MDH, 6,7 MDH et 6,1 MDH. Mais les difficultés des SDB renvoient à un autre débat plus profond. En effet, depuis que la Bourse de Casablanca a tourné la page des années fastes, beaucoup de professionnels et d'analystes s'interrogent quant à l'étroitesse du marché par rapport un nombre trop important d'intervenants. 17 sociétés de Bourse, c'est manifestement trop pour un petit marché comme Casablanca. Partant, et au vu des résultats de 2011 et des mauvaises perspectives de 2012, les spéculations vont bon train quant à d'éventuelles reconfigurations du marché notamment du rachat de petites sociétés par les grandes ou de la disparition purement et simplement de certaines d'entre elles. ALM a contacté des patrons de certaines sociétés et tous s'accordent à dire qu'il devra forcément y avoir de la sélection naturelle pour avoir un marché plus efficient. Les prochains mois de 2012 seront assurément décisifs.