«C'est un moment historique dans le paysage audiovisuel marocain !», lançait Emmanuel Boutterin, vice-président de l'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), ce matin à Rabat, à la présentation du plaidoyer «en faveur d'une réforme du secteur des communications» pour les médias communautaires au Maroc. Le document appelant à la reconnaissance des médias associatifs, notamment les radios, s'inscrit dans le cadre du programme du Forum des alternatives Maroc (FMAS) initié par le portail de la société civile Maghreb-Machrek «e-Joussour». Après 18 mois de travaux de recherches et de concertations avec des professionnels marocains et étrangers, des représentants de la société civile du Maghreb et d'Europe, le FMAS passe aujourd'hui à l'étape supérieure, à savoir la création des premières radios alternatives au Maroc. "C'est d'abord sur le Web qu'elles diffuseront leurs programmes, et ceci à partir de fin juin", annonce Mohamed Leghtas, coordinateur du projet, avant de concrétiser leurs recommandations d'amender la loi sur le paysage audiovisuel marocain. Objectif, légaliser l'existence des radios communautaires au Maroc et assurer également la régulation de ces médias par la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), pour garantir les règles de pluralisme du secteur. Bien que les radios associatives soient généralement thématiques, tant par le contenu que par la diffusion, les acteurs de ces "nouveaux" médias sont bien conscients de l'importance de faire partie du champ médiatique national pour faire de la radio communautaire un média à part entière. D'ailleurs, l'absence de médias "officiels" à la présentation de ce premier plaidoyer témoigne, pour les organisateurs, du manque d'intérêt accordé à la chose associative, ce à quoi ces radios comptent bien y remédier. Pour ce faire, l'association dispose déjà du soutien du régulateur "qu'elle a d'ailleurs rencontré récemment", affirme Hourria Es-slami, présidente du FMAS, ainsi que du CNDH et d'autres institutions tels que le ministère de la Communication ainsi que celui des Relations avec le Parlement et la société civile. Le projet est donc sur la bonne voie et devrait prochainement être présenté sous la coupole pour une mise en oeuvre effective. En attendant, "e-Joussour" lance donc sa première radio en ligne sise aux anciens abattoirs de Casablanca. Dans la foulée, le FMAS a également lancé un appel à candidature pour qui voudrait bien devenir journaliste "alternatif".