Raccourcir le délai d'implantation en Afrique de l'Ouest francophone pour passer ensuite à la vitesse de croisière est la stratégie adoptée par le groupe Banque populaire pour une présence plus ancrée sur le continent. En témoigne l'accord de partenariat stratégique ficelé, la semaine dernière, avec le groupe ivoirien Atlantic Financial Group (AFG), pour le développement des activités bancaires dans sept pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Une zone géographique qui a l'avantage de jouir d'une monnaie unique et d'un cadre réglementaire unique. «La concrétisation de cette opération se fera dans les plus brefs délais. Nous avons déposé les sept dossiers, mardi dernier. Nous attendons la réponse avant la fin du mois courant», a commenté Mohamed Benchaâboun, président du groupe Banque populaire, hier lors de la conférence de presse organisée par la BCP pour échanger autour des axes stratégiques de cet accord. Cette opération a donné lieu à la création d'une holding commune Atlantic Bank International (ABI) détenue à parts égales par le groupe marocain et la holding ivoirienne. Vers une augmentation de capital AFG a apporté 100% de ses participations dans les 7 filiales africaines ainsi que celles de la banque d'affaires Atlantique Finance (AFIN) et de la société d'ingénierie informatique Atlantique technologie ATECH) pour un montant total avoisinnant les 58MM FCFA (1 MMDH). Notons que ce même montant donnera lieu à une augmentation de capital de la même valeur par la Banque centrale populaire (BCP) laquelle a déjà procédé à une augmentation de capital, le 30 mai dernier, réservée à la BPCE. «Si nous réalisons l'augmentation de capital en juillet prochain, nous aurons des résultats positifs pour les 7 filiales africaines cette année. Pour l'ensemble de ces banques, le résultat net devrait s'établir à 200 MDH», a annoncé Benchaâboun, tout en affirmant qu'un financement par une dette subordonnée (quasi fonds propres) via une institution financière, est également à l'ordre du jour. D'ailleurs, cette augmentation de capital de 50% d'ABI réservée à la BCP, permet à celle-ci de prendre le contrôle de la gestion opérationnelle et financière des filiales. Désormais, Atlantic Bank International devient la plateforme de développement en Afrique subsaharienne de la BCP, déjà présente en Guinée, en République Centrafricaine et en Mauritanie. Pour l'heure, la finalisation de cette opération est soumise à l'obtention des autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes au Maroc et dans la zone UEMOA, à savoir la BCEAO et les autorités compétentes des différents pays concernés par ce partenariat. Mohamed Benchaâboun, Président du groupe Banque populaire. «À court terme, nous n'avons pas de visées sur d'autres pays africains» Les Echos quotidien : Dans le cadre de cette opération stratégique, vous avez créé une holding commune, pourquoi n'avez-vous pas capitalisé sur le holding Atlantic Finance Group? Mohamed Benchaâboun : Le holding AFG appartient à Koné Dossongui, le propriétaire de l'ensemble de ces banques, qui a un certain nombre d'engagements, par ailleurs, et comme nous avons limité le périmètre de la transaction à une partie des participations d'AFG, nous avons voulu cantonner ce partenariat au niveau d'un nouveau holding, à savoir Atlantic Bank International. Ainsi, nous ne partons pas avec un passif. Avez-vous des visées sur d'autres pays africains, notamment anglophones ? À court terme, nous n'avons pas de visées. Nous pensons que cette acquisition est importante, eu égard à son ampleur et au nombre de nouvelles banques qu'il va falloir prendre en charge. Ceci a nécessité une mobilisation importante de nos ressources humaines et de nos structures pour pouvoir réussir le challenge que nous nous sommes fixé, pour un développement plus prononcé sur le continent africain. Grâce à cette opération, la contribution de la participation africaine dans les principaux agrégats de notre groupe se situera entre 10 et 15%. Nous avons étudié le dossier, nous avons conduit notre due diligence et on a entamé les négociations. À un moment donné, nous nous sommes mis d'accord sur un cadre dans lequel l'opération pouvait se dérouler. Koné ne s'y est d'ailleurs pas opposé. C'est ainsi que nous avons signé un mémorandum où nous avons exigé l'exclusivité des négociations. À partir d'un certain moment, il ne pouvait plus négocier avec d'autres.