Mercredi matin, le Président du Groupe BCP, Mohamed Benchaâboune, officialise l'acquisition des filiales de l'Ivoirien Atlantic Finance Group -AFG- dans sept pays ouest-africains de la zone UEMOA. Une opération d'envergure stratégique pour laquelle la première banque publique au Maroc aligne l'équivalent d'1 milliard DH. L'horizon africain se dégage pour le Groupe Banque Centrale Populaire -BCP-, qui semble accélérer sa marche vers le cap espéré : se positionner sur ce marché qualifié de « vivier de croissance ». L'option AFG est probablement le meilleur scénario d'une expansion rapide, moins lourde en cash et plus profitable en termes de retour sur investissement. C'est presque à l'image de l'échange effectué entre Attijariwafa bank et le Français Crédit Agricole, il y a six ou sept ans déjà. Benchaâboune, le patron de la BCP, n'arrête pas de surprendre la Place. Il a réussi, coup sur coup, trois opérations d'augmentation de capital, dont la toute dernière réservée au Français BPCE (Banques Populaires-Caisses d'Epargne) à hauteur de 5% du capital. D'autres opérations sont prévues dans le plan de développement de la BCP : une nouvelle augmentation de capital dans la limite de 5% offerte aux institutionnels marocains ; et une autre de taille équivalente sous forme d'émission de dette subordonnée auprès des institutionnels étrangers. Toute cette suite d'événements démontre que la stratégie suivie par Benchaâboune est mûrement réfléchie. Autrement dit, la BCP bénéficie d'un matelas financier suffisamment confortable pour financer ses acquisitions africaines auprès d'AFG. Dans sa conférence de presse du mercredi au Nadi à Casablanca, Benchaâboune a précisé que l'accord de partenariat conclu avec Koné Dossongui, ancien ministre ivoirien et patron du Groupe AFG, sera opérationnel dans quelques jours, l'aval des autorités compétentes étant déjà acquis. La création d'une holding commune «Atlantic Bank International», détenue à parts égales, permettra à la BCP d'être l'actionnaire majoritaire des sept filiales d'AFG : 90,5% de BACI (Côte d'Ivoire) ; 53,5% de BABN (Bénin) ; 78,9% de BATG (Togo) ; 55,9% de BABF (Burkina Faso) ; 54,9% de BAML (Mali) ; 77,6% de BANE (Niger) ; et 81,7% de BASN (Sénégal). Sans oublier le contrôle total de la banque d'affaires «Atlantic Finance» et de la société d'ingénierie informatique «Athec». A ce titre, «la BCP assurera la gestion courante de toutes ces filiales sous la marque Banque Atlantique ainsi que leur gestion stratégique, opérationnelle et financière». Du coup, la BCP, à travers cette acquisition (sept filiales d'un seul coup), accèderait à un réseau de captation fort intéressant, en l'occurrence en Côte d'Ivoire, -partie intéressante du deal, dira Benchaâboune- avec le plus grand nombre d'agences (plus de 70) et une part de marché de près de 11,5% pour un taux de bancarisation encore très faible, aux alentours de 10%. En dépit du faible volume d'affaires dans les autres pays, la situation est intéressante, confie le patron de la BCP, notamment un fort maillage régional. Au plan commercial, le Groupe BCP prévoit de doubler le volume d'activité d'ici 2015. Le total bilan passera de 22,9 milliards DH en 2012 à 32,4 milliards DH en 2015, en même temps, le PNB atteindra 2,6 milliards DH en 2015 au lieu de 1,5 milliard en 2012. Idem pour les ressources qui doivent évoluer de 17 milliards DH en 2012 à 25 milliards en 2015. En tous cas, «ces chiffres seront révisés pour inclure les effets de synergie». C'est une bonne affaire, rassure Benchaâboune : «On a mis de l'argent pour redresser et développer. Notre travail consiste à créer de la valeur pour les deux parties». Par rapport à l'appréciation des risques, le patron de la BCP répond qu'il n'y aura « pas d'approvisionnement dans les années à venir ». « Nous avons confié l'étude de tous les points à risques à un cabinet international» a indiqué le patron, sans en dévoiler le nom. De plus, « le travail de due diligence que nous avons mené pendant plus de trois mois nous a permis de faire une appréciation objective et précise de la situation financière des sept filiales ». En véritable architecte de cette expansion du groupe BCP, en si peu de temps, Benchaâboune sait qu'il est en train de réussir la plus belle transformation structurelle de la première banque publique au Maroc. Depuis 2010, le Groupe BCP opère sa mue : ouverture du capital (moins d'Etat et plus d'opérateurs privés) et présence renforcée à l'international, en Afrique et Europe.