Avoir des ressources naturelles ou éviter la crise du printemps arabe... ne veut pas forcément dire que les citoyens ont un meilleur niveau de vie. C'est la déduction que l'on pourrait faire de l'enquête du cabinet international Mercer sur les salaires des cadres dans la région de l'Afrique du Nord. Selon le cabinet, en effet, la principale augmentation de salaire dans la région a été à l'actif des cadres égyptiens qui, en dépit de la révolution qu'a connue leur pays et de la crise qui s'en est suivie, affichent une évolution à deux chiffres du niveau de leur salaire. Cela dit, il n'en demeure pas moins que même avec une évolution de 6% à 7% des salaires des cadres marocains entre 2009 et 2011, ceux-ci sont aujourd'hui les plus chers de la région, loin devant les Egyptiens et les Tunisiens. L'Algérie, qui jouit d'importantes ressources naturelles, se retrouve en bas de l'échelle. Dans le détail, le cabinet relève que les salaires de base annuels des dirigeants d'entreprises marocaines se situent entre 75.000 et 180.000 euros, ceux des Egyptiens sont entre 60.000 et 180.000 euros et entre 49.000 et 120.000 euros pour les Tunisiens. Les salaires de base annuels des dirigeants d'entreprise algériens se situent pour leur part entre 40.000 à 120.000 euros. L'écart des salaires entre le Maroc et les autres pays de la région se fait encore plus ressentir chez les managers. Selon les données de la même enquête, la moyenne des rémunérations à ce niveau se situe au Maroc autour de 34.000 euros, alors qu'en Egypte elle ne dépasse pas 26.000 euros contre 21.200 en Tunisie et 16.600 en Algérie. «Le Maroc est aujourd'hui plus proche des standards de rémunération pratiqués dans les pays de l'Europe de l'Est, ce qui n'est pas le cas pour l'Algérie», rapportent les spécialistes de Mercer, ajoutant que «les responsables des ressources humaines au Maroc ont les niveaux de salaires les plus confortables de la région, en moyenne 30.000 euros bruts annuels». Ce constat, qui tombe dans un contexte où les syndicats multiplient les appels au gouvernement en vue d'apporter des réponses concrètes à la situation des salariés marocains, notamment au niveau des salaires où l'on parle de «gel» auprès des syndicalistes. Néanmoins, les syndicalistes peuvent tout de même faire valoir l'argument selon lequel tous les salariés ne sont pas forcément des cadres et, de ce fait, ne sont pas concernés par les conclusions de ladite étude. Quoi qu'il en soit, selon les données cette dernière, les directeurs des ressources humaines au Maroc toucheraient en moyenne 45.000 euros par an, alors qu'en Algérie ils émargeraient en moyenne à 31.800 euros. Pour leur part, les comptables seniors toucheraient 15.100 euros par an, soit le même niveau relevé en Algérie, mais en deçà de ce que touche cette catégorie en Tunisie (près de 22.700 euros). Ceci témoignerait que plus on descend dans l'échelle organisationnelle de l'entreprise au Maroc, moins la rareté des profils se fait sentir et donc l'avantage salarial sur les pays de la région s'en trouve amoindri.