Samedi après-midi, un hôtel casablancais grouille de militants du parti de l'Istiqlal. Dans la salle de conférence, les ministres et anciens ministres du parti de la balance trustent les premiers rangs. On pouvait ainsi voir côte à côte, El Ouafa, Hejira, ou encore Ghellab. Sur l'estrade trônent Nizar Baraka, Adil Douiri et Larbi Jaidi, même si ce dernier n'est pas de la famille Istiqlalie. Il a toutefois été convié à venir s'exprimer lors de ce colloque à vocation économique mais dont nul n'ignore l'importance politique à quelques semaines du 16econgrès national qui verra l'élection d'un nouveau secrétaire général. En tout cas, c'est M'hammed Douiri, membre fondateur du parti et premier ministre de l'Economie du Maroc indépendant, qui ouvre le colloque par une allocution emprunte de nostalgie. Il y est question des mesures qui ont permis au Maroc fraîchement indépendant de gagner son indépendance économique. Ainsi, le 20 août 1958 à Oualidia, en réaction à la dévaluation du franc français que venait d'opérer le gouvernement De Gaule, décision est prise d'en décrocher le franc marocain. S'en suivront la nationalisation de la Banque centrale, l'adhésion à la Banque mondiale et au FMI et la création d'institutions financières marocaines telles la CDG, la BMCE ou encore la BNDE. Ce furent là les bases de l'indépendance économique du Royaume avec comme point d'orgue, comme l'explique M'hammed Douiri : «le transfert des centres de décision de l'étranger vers le Maroc». Quelques décennies plus tard, ce leitmitiv est encore d'actualité au parti de la balance, et l'actuel ministre de l'Economie d'arguer : «Pour conserver l'indépendance économique, il faut travailler au rétablissement des équilibres macro-économiques», avant de reprendre «sans toutefois menacer l'équilibre social», et c'est là qu'entre en scène le deuxième mot d'ordre de ce colloque «l'équité». Congrès en vue Larbi Jaidi, USFPiste mais surtout observateur aguerri de la scène politique, souligne que l'Istiqlal prend comme base l'équité et ceci à travers le manifeste de l'équité daté de 1963, signé par son fondateur Allal El Fassi. Pour Jaidi : «l'idéologie d'un parti a une composante immuable et une autre évolutive». Or, pour Adil Douiri, «le parti de l'Istiqlal avait, a et aura toujours une idéologie claire», et de surenchérir «c'est ce qui le différencie de beaucoup d'autres partis». Le président du cercle des économistes istiqlaliens explique toutefois que ce colloque entre dans le cadre de la préparation du 16e congrès qui est lui-même l'occasion de réfléchir avec clarté aux idées du parti, qui a toujours, selon lui, défendu l'équité et l'indépendance économique. Celui que l'on dit candidat malgré lui au secrétariat général du parti, estime par ailleurs que les médias ont opéré un saut qualitatif et donnent une importance croissante aux idées. «Cela permettra à l'Istiqlal de surpasser les autres partis», conclut Adil Douri. Parole de futur SG ?