Comment la société peut-elle tirer profit de la Responsabilité sociale de l'entreprise (RSE)? La question était au cœur de la 2e édition du colloque international sur la RSE, du 27 au 30 avril 2012 à Agadir. Organisée conjointement par Universiapolis d'Agadir, l'Université de Québec à Montréal et l'Institut supérieur de l'informatique appliquée et de management (Isiam), cette manifestation a permis d'établir l'état des lieux de la RSE à l'échelon de la région Souss-Massa-Drâa. S'il y a un fait méritant d'être relevé, c'est bien évidemment la faible adhésion du tissu régional à cette démarche. Seulement deux entreprises figurent parmi les 38 sociétés labellisées au référentiel RSE de la CGEM. Il s'agit de Pack-Souss qui opère dans le conditionnement et l'exportation des agrumes et la caisserie de la Compagnie marocaine des cartons et des papiers (CMCP) à Agadir. Un défi régional Au-delà de la conformité aux standards RSE, le défi à l'échelon de la région Souss-Massa-Drâa est de faire en sorte que les PME aient recours à la démarche puisqu'elles ne disposent pas des mêmes moyens que les grandes entreprises pour initier les pratiques formelles de la RSE. «La promotion de cette option nécessite un travail de fond et une explication des enjeux pour démystifier le concept et mettre en place une démarche visant l'adhésion des entreprises locales», souligne Abdelfattah Zine, président de l'Union régionale de la CGEM-Souss-Massa-Drâa. Pour sa part, le président de la section Sud de l'Association des gestionnaires et formateurs du personnel (Agef) distingue deux étapes : «Même si la démarche RSE demeure encore faible à l'échelon de la région, l'option prend de plus en plus d'ampleur et les entreprises commencent à s'investir dans le cadre d'une prise de conscience conjuguée à un début d'engagement», explique Jamal Diwany. À ses yeux, «l'implication dans une démarche RSE était il y a quelques années l'apanage des grandes entreprises, laquelle était imposée essentiellement par les donneurs d'ordre». Aujourd'hui, cette démarche est devenue une approche volontariste. «Les sociétés ont découvert la valeur ajoutée de la RSE, notamment en termes d'image et de réputation. D'où le recours à son intégration dans les activités de l'entreprise», ajoute-t-il. Toutefois le chercheur classe les conceptions faites autour de la RSE à l'échelon de la région parmi quatre catégories d'entreprises. Il s'agit tout d'abord de celles qui ne sont pas conscientes et ne portent aucun intérêt aux conséquences environnementales et sociétales. S'agissant de la deuxième catégorie, elle est consciente de la démarche, mais elle n'est pas obligée de l'adopter puisque les parties prenantes ne l'exigent pas et ne perçoivent pas son impact sur la performance de l'entreprise. Pour ce qui est de la troisième partie, elle est généralement consciente et engagée dans une démarche RSE, sans pression des donneurs d'ordre. La dernière, quant à elle, est constituée principalement d'entreprises familiales, et qui mènent sans le savoir des actions que l'on pourrait qualifier de RSE. Dans ce cas, il suffit simplement de les formaliser. Par ailleurs, si la RSE incite à aller au delà des obligations légales et réglementaires en prenant en considération les intérêts de l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise, «quelques articles du Code du travail restent encore inapplicables au Maroc», souligne Diwany. «Puisqu'on a créé un Code marocain de bonnes pratiques de gouvernance, on doit créer de la même manière un Code RSE ou une charte de conduite pour la PME afin d'adapter leurs contextes financier et réglementaire aux exigences environnementales et sociétales de la RSE», souligne-t-il. Cependant, étant donné que les PME réagissent moins aux pressions des parties prenantes, elles sont les plus enclines à adopter une démarche RSE.