Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, est sur tous les fronts. Défendant bec et ongles les cahiers des charges de la SNRT et de 2M, qui ont déclenché une polémique nationale, le jeune ministre s'attaque au secteur cinématographique. Il y a quelques semaines, lors d'une table ronde mise en place par la délégation de l'Union européenne sur le programme Euromed Audiovisuel III, Mohamed Belghouat, directeur des études et du développement au sein du ministère de la Communication, avait annoncé la présentation prochaine d'un cahier des charges du secteur cinématographique (l'heure est aux consultations avec les professionnels du secteur, en faveur de sa mise en œuvre). L'objectif étant de restructurer le secteur qui souffre d'un bon nombre de problèmes liés notamment à la distribution, à l'exploitation des salles, de plus en plus rares, et au piratage... Des problèmes que Mustapha El Khalfi semble maîtriser, puisqu'il a déjà une idée sur les solutions. «Nous avons mis en place une stratégie qui nous permettra de surmonter tous ces problèmes. Aujourd'hui, nous avons les moyens de construire de nouvelles salles de cinéma dans différentes régions du royaume. Quant au piratage, nous allons l'éradiquer», avait annoncé Belghouat. Cependant, avant de présenter les cahiers des charges du secteur, on a commencé cette semaine à étudier les projets qui bénéficieront de l'avance sur recettes du Fonds d'aide, dépendant du Centre cinématographique marocain (CCM). La nouvelle commission désignée par Mustapha El Khalfi pour un mandat de deux ans, présidée par l'économiste Driss Benali (et composée de Sabah Bendaoud, de Fatima Ifriqui, de Mohamed Hicham Regragui, de Thami Hejaj, d'Ali Hassan, de Tariq Khalami, de Mohamed Belfqih de Abdelkrim Berrechid, de Driss Tahiri et de Hicham Syabri), a entamé mercredi dernier l'examen et la sélection des listes des scénarios présentés par 20 candidats, à la prime du fonds d'aide au titre de la première session de l'année 2012. Besoin de justifications Cette nouvelle commission dont la nomination a créé un conflit entre le ministre de la Communication et le directeur du CCM, Nourredine Saïl, devra désormais justifier l'octroi ou le refus des subventions pour telle ou telle production. Cette annonce faite lundi, lors de la séance plénière de la Chambre des représentants donne une idée sur le contenu des cahiers des charges du secteur cinématographique, dévoilés prochainement. En outre, le porte-parole du gouvernement a annoncé que la nouvelle procédure stipule que les réalisateurs doivent faire leur plaidoyer de projet devant les membres de la commission. «Une démarche à même de placer le volet qualitatif au premier plan», avait expliqué le ministre. Audition des réalisateurs, une première ! C'est ainsi que la journée d'aujourd'hui doit être consacrée à l'audition des réalisateurs, qui auront 15 minutes chacun pour défendre leurs projets. Cette procédure, la première du genre dans l'histoire du fonds d'aide, sera accompagnée, dans un souci de transparence, d'une autre démarche : la publication de la liste des bénéficiaires des subventions depuis 1983 jusquà ce jour. Dans cette optique, Driss Benali a nié toute ingérence de la part du gouvernement ou du ministère de tutelle dans le travail de cette instance. «Il n'y a eu jusqu'à présent aucune ingérence dans le travail de la commission», a-t-il souligné. Le président a affirmé par ailleurs que seul l'indicateur qualité primera dans l'évaluation des œuvres cinématographiques. «Tous les membres de la commission sont unanimes pour relever l'intérêt du Maroc à se doter d'un cinéma libre et créatif», a-t-il ajouté. Mis en place en 1980, le fonds de soutien à la production cinématographique est en train de vivre une véritable mue. Des changements dont l'objectif est de dépasser les limites que ce système a montré au fil des années. Toutefois, une question s'impose : qu'en est-il des autres maux du secteur ? El Khalfi nous répondra certainement à travers le cahier des charges, en phase de préparation.