Le gouvernement tente de retrouver son deuxième souffle vital pour l'efficacité de ses actions. L'occasion offerte par le débat ouvert autour des cahiers des charges du pôle public audiovisuel ne veut pas être subie par la majorité. «Nous sommes tous d'accord sur le début d'application de la réforme et nous serons toujours ouverts à toutes les propositions qui vont dans ce sens», a déclaré le porte parole du gouvernement devant les députés, après son grand oral qui s'est poursuivi encore hier devant la deuxième Chambre sur le même sujet. Du côté de l'assise parlementaire de Benkirane au sein de la Chambre des représentants, le débat sur la réforme de l'audiovisuel n'est pas à mettre uniquement sur le dos de l'Exécutif, qui ne pourra jamais arracher l'adhésion volontaire qu'il souhaite autour des idées clés, qu'il a publiquement proposé. «Le Parlement doit réagir conformément aux attentes de la rue, explique Rachid Roukbane, président du groupe du Progrès démocratique. «Nous n'avons pas participé à ce débat car nous avons estimé que le dossier des médias ne concerne pas uniquement le ministère de la Communication. Nous avons demandé une réunion d'urgence de la commission de l'Enseignement pour pouvoir débattre de ce sujet et afin de prendre le temps nécessaire pour le discuter». Le député du PPS paraît être le seul parmi les quatre partis formant le gouvernement, qui n'a pas exprimé ouvertement son soutien inconditionnel aux nouveaux cahiers des charges du pôle public. Pour trouver un terrain d'entente, Abdelaziz El Omari, président du groupe du PJD s'est aligné sur les demandes du PPS. «Nous avons déjà demandé la tenue de la réunion de la commission de l'Enseignement et de la Culture. Nous réitérons cette demande, afin que le bureau de la commission spécialisée puisse programmer une réunion avec le ministre de tutelle». Certaines autres composantes de la majorité pensent que le gouvernement est trop entré dans les détails, durant la présentation des nouveaux cahiers des charges. C'est l'avis du groupe de l'Istiqlal qui a aussi exprimé des craintes, quant au non respect des droits des journalistes au sein des médias publics. ça urge ! La charte de la majorité ne semble plus être suffisante à elle seule pour cadrer l'action des composantes du gouvernement. Les quatre partis pensent qu'actuellement les efforts sont aussi concentrés sur la préparation dans les plus brefs délais, de la loi organique du gouvernement qui est prévue par la Constitution et qui a aussi figuré parmi les priorités du plan législatif du gouvernement. Ce dernier aura donc intérêt à passer très vite à l'élaboration du statut des ministres. Une loi organique du gouvernement, dont la première mouture devra être proposée avant la fin de cette session de printemps, est actuellement l'une des grandes préoccupations. La charte de la majorité qui semble de plus en plus fragile à défendre, est actuellement réclamée par la majorité parlementaire. Déjà le nouveau règlement intérieur du Parlement qui a été voté à l'unanimité, trace un nouveau cadre pour l'action de l'Exécutif, essentiellement, «les ministres sans casquette politique, les délégations de pouvoir ou encore la coordination des stratégies sectorielles seront les principaux à régler», explique un député de la majorité, «En cela le gouvernement ne peut décider seul, vu qu'il y a les nouvelles attributions de la Cour constitutionnelle et celles de l'opposition qui pèsent très lourd dans cette équation». Le statut du président de gouvernement sera justement l'une des équations à résoudre. La mise en place d'une responsabilité solidaire des ministres reste peu claire jusqu'à présent. «La nouvelle loi organique du gouvernement sera un texte plus précis que la charte de la majorité, qui est avant tout un engagement politique et moral autour d'un certain nombre de principes généraux», soulignent plusieurs députés qui ont commencé à travailler sur le projet, et ajoutent que «les contours de la nouvelle loi organique sont déjà clairs pour la majorité qui devra apporter sa manière de piloter les politiques publiques». Les députés serrent les rangs Les députés de la majorité ont entamé en urgence une série d'actions visant à atteindre le même seuil de la coordination, démontré lors du vote de la loi des finances 2012. Si le consensus était facile à trouver sur les urgences d'ordre social, les choses ne seraient pas aussi simple pour d'autres chantiers de la réforme. L'assise parlementaire du gouvernement était durant cette semaine au complet, afin de se montrer soudée sur la question de la réforme des médias. Le nouveau cadre tracé pour les 227 députés de la majorité, au sein de la première Chambre et qui sont répartis inégalement au sein des 8 commissions, veut garder l'autonomie des députés, sans que cela ne brise la solidarité avec l'ensemble des membres du gouvernement, quel que soit leur étiquette partisane.«La nature du contrôle qui sera exercé ne doit pas occulter qu'un énorme effort législatif reste à faire», résume-t-on auprès du parti de Benkirane. Les bilans périodiques qui seront obligatoirement présentés devant les députés mettent davantage la pression sur les 4 composantes de la majorité. Les 4 présidents des groupes ont tenu une réunion restreinte la veille de l'ouverture des débats lors de cette session. L'action de coordination des groupes au sein des deux Chambres a été respectivement confiée à Abdelaziz El Omari, président du groupe du PJD à la première Chambre, alors que c'est l'istiqlalien Mohamed El Ansari, qui assurera la supervision du rendement des alliés de Benkirane au sein des conseillers.