Dans ses déclarations, le gouvernement en place ne cesse d'affirmer sa fermeté dans la lutte contre les agréments. Après avoir annoncé vouloir réformer le système d'agréments du transport de voyageurs et de l'exploitation des carrières de sable, voilà que le ministre de l'Equipement et du transport, Abdelaziz Rabbah vient de lancer un nouveau pavé dans la mare. Le nouveau chantier en question s'attaque désormais aux agréments des laboratoires d'études du BTP. «Cela s'intègre dans notre volonté d'instaurer une bonne gouvernance dans la gestion du pays», a ainsi déclaré Abelaziz Rabbah à l'occasion du séminaire organisé par le Laboratoire public d'essais et d'études (LPEE), mardi dernier. Aujourd'hui, et depuis la publication d'un décret au bulletin officiel du 20 décembre 2001, la réglementation en vigueur repose sur un «système de qualification et de classification des laboratoires du bâtiment et des travaux publics». Dans ce seul texte, les conditions pour exercer une ou plusieurs activités de laboratoire du BTP sont minimes. La personne doit bien sûr résider au Maroc, être titulaire d'un diplôme d'ingénieur délivré par un établissement national ou international reconnu, justifier d'une expérience de cinq ans après l'obtention du diplôme, exercer l'activité à titre principal et disposer d'un casier judiciaire vierge. Peu survivraient à la réforme Un laxisme juridique sur lequel s'est penché le ministère afin de réformer un système qu'il juge trop léger. Et pour rassurer les opérateurs, le ministre a d'ores et déjà précisé: «La refonte vise à garantir la qualité des prestations et non la fermeture de ces établissements». Néanmoins, Abdelhakim Jakani, Dg du LPEE, nuance la situation. «Le métier de laboratoire du BTP a été libéralisé il y a plus de dix ans sans être réglementé. Depuis ce temps là, la situation n'a pas changé. Or, la réglementation est devenue plus que nécessaire de telle sorte que n'importe qui ne fasse pas n'importe quoi», déclare ainsi le patron du laboratoire public. D'après ses estimations, une cinquantaine de laboratoires opèrent au Maroc. Alors que le LPEE déclare détenir 80% du marché, les 20% restants seraient, toujours d'après ses propres estimations, répartis entre une dizaine de laboratoires seulement. «À mon avis, lorsque la réglementation sera mise au point, ne restera sur le terrain qu'une poignée de laboratoires» affirme-t-il. L'adjonction de critères plus stricts, comme la possession d'équipements répondant aux standards en la matière ou les compétences du personnel, sont d'ailleurs à l'ordre du jour. Autrement dit, il s'agit de considérer la capacité d'un laboratoire en fonction de ses capacités humaines et matérielles. «Un laboratoire qui dispose de 10 ingénieurs a forcément plus de capacités qu'un laboratoire qui n'en compterait que trois», illustre ainsi Abdelhakim Jakani. La remise du texte final, qui pourrait bien prendre la forme d'une loi, cette fois-ci, serait imminente.