Le même jour que l'ADEREE et l'UE concrétisaient ce premier pas concret dans l'orientation «green» de l'acte de construire, le Laboratoire public d'essais et d'études (LPEE) inaugurait son cycle de séminaires nationaux pour l'année 2012. Première thématique pour bien commencer, celle de l'intégration de la notion de développement durable dans la conception de projets d'infrastructures. Inauguré par le ministre de l'Equipement et du transport, Abdelaziz Rabbah, ce premier séminaire à vocation scientifique a connu la présence d'une centaine d'acteurs du secteur du BTP au Maroc, incluant ainsi des ingénieurs nationaux et étrangers, des universitaires, des industriels et experts en génie civil. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit de la conception des autoroutes, des barrages ou encore des infrastructures de transport, qui se doivent de prendre en considération les nouvelles normes internationales, incluant le respect du développement durable. Il suffit de prendre l'exemple de la construction d'une autoroute, qui intègre aujourd'hui le recyclage des matériaux utilisés précédemment pour la construction d'une simple route. C'est d'ailleurs l'Europe qui avait élaboré cette technique, il y a plus de dix ans. «Depuis, le Maroc a adopté une même technologie. Bien entendu, celle-ci n'a pas été adoptée de façon intégrale, mais nous l'avons adaptée au contexte marocain, qu'il s'agisse du climat ou du coût. Par conséquent, pour nos grands projets, et notamment la construction des autoroutes, nous utilisons cette méthode de recyclage. Elle nous permet de rationaliser les matériaux pour ne pas abuser des extraits de carrière», nous confie Abdelhakim Jakani, dg du LPEE depuis 2005. Une nouvelle direction Les outils permettant de concilier les infrastructures et leur développement durable sont aujourd'hui accessibles aux opérateurs au Maroc. Ils sont, de plus, devenus indispensables. C'est que depuis sa création en 1949, le LPEE s'est forgé un savoir-faire et une expertise en matière de mise à niveau scientifique de ces normes. C'est dans ce cadre que le laboratoire LPEE, leader national, avec près de 80% du marché national, accompagne les donneurs d'ordres pour mener à bien cette combinaison de la durabilité et de l'infrastructure. «Concilier infrastructures et développement durable est un véritable challenge pour le Maroc», avoue Abdelhakim Jakani. Cet objectif nécessite «la synergie de l'ensemble des acteurs», comme l'avait affirmé Abdelaziz Rabbah dans son allocution. C'est donc pour réussir cette transition que le LPEE s'est récemment doté d'une direction technique et scientifique, dont la mission principale est de vulgariser ces nouvelles pratiques. Il s'agit pour la nouvelle entité de répertorier et de transmettre des connaissances, d'organiser des tables rondes à destination de l'ensemble des acteurs du BTP. De plus, la réactivation de la revue scientifique et technique du LPEE participera, par ailleurs, au partage de l'information et d'expériences, grâce à la publication d'articles scientifiques émanant des écoles, des universités, des bureaux d'études et des opérateurs. Maintenant, à charge pour le législateur à émettre des lois pour rendre ne serait-ce que l'isolation thermique des bâtiments obligatoire.