Depuis octobre dernier, pour pouvoir exporter de l'algue marine rouge, il faut disposer d'une licence à l'export. Le document a été décrété obligatoire juste au lendemain de la fin de la campagne de collecte dans la mer qui aura duré trois mois. Cette interdiction dans les ports a pris de court les exportateurs de cette plante. Pour régulariser la situation, contact a été pris auprès du ministère du Commerce extérieur. Ce dernier a demandé un dossier de traçabilité du produit avalisé par le département de la Pêche maritime. «Nous applaudissons l'initiative en tant qu'opérateurs dans le domaine, mais nous n'avons pas été initiés à l'élaboration du plan d'aménagement de la pêcherie des algues marines», affirme Souhail Lamsouber, secrétaire général de l'Association marocaine des exportateurs des algues marines (AMEAM). Sur les 17 sociétés exportatrices au Maroc, 15 se sont confédérées autour de l'AMEAM. «L'objectif premier est de collaborer et de coordonner les efforts avec les autorités pour mettre en place les nouvelles réglementations régissant le secteur et qui sont encore en cours d'élaboration», ajoute Lamsouber. Le statut de l'association a érigé les professionnels de ce secteur en tant qu'interlocuteur unique pouvant peser dans les négociations. Grâce à la nouvelle structuration, des réunions ont été tenues avec des responsables du ministère du Commerce extérieur, avec le département de la Pêche maritime et avec la Chambre des pêches maritimes Atlantique nord et dont le siège est à Casablanca. L'association compte bien soutenir la nouvelle réglementation sur le quota à l'export des pêcheries des algues limité à 6.040 tonnes. Par contre, l'option d'accorder 80% à une seule entité (en l'occurrence la société Setexam basée à Kénitra) contre 20% seulement aux exportateurs est jugée aléatoire. La valorisation de l'algue marine pour extraire l'agar-agar est un critère valable retenu par le département de la Pêche maritime. La valorisation contestée Dans le détail, le plafonnement du quota global à l'export a été fixé à 6.040 tonnes autorisées dont 1.208 algues brutes accordées aux exportateurs. Le volume restant est destiné à l'industrialisation locale pour se transformer en quelque 805 tonnes d'agar-agar avant sa commercialisation dans les marchés internationaux. Pour les exportateurs, l'argument de la valorisation est un critère «très contesté». «La part de chaque société exportatrice n'atteindra même pas 50 tonnes», se plaint-on parmi les exportateurs. Pour eux, la situation favorise le monopole d'un seul opérateur à l'encontre de la liberté de la loi du marché. Les plongeurs qui récoltent l'algue dans la mer sont les premiers lésés, déclare Souhail. Actuellement, ces travailleurs disposent d'un stock estimé à 600 tonnes d'algues sèches. Ils attendent des jours meilleurs pour le proposer à la vente. Et pour cause, les prix à l'achat de l'algue brute se réduisent ainsi au minimum. Selon des études, le secteur assure près de 4.000 emplois. Dans la réalité, c'est un moyen de subsistance pour des familles entières comptant pour près de 10.000 personnes entre hommes, femmes et même des enfants, rien que pour le littoral d'El Jadida.