Un plan d'aménagement des algues marines a été mis au point par la direction de la Pêche maritime et de l'aquaculture du ministère. Cette pêcherie d'importance économique a été adoptée par le département de tutelle dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie renouvelée de développement et de compétitivité du secteur halieutique, dite «Halieutis». Le plan a pour objectif la reconstitution du stock surexploité, l'organisation de l'activité, la préservation des emplois formels actuels et l'augmentation de la valorisation du produit. Surexploitation La principale espèce d'algue marine exploitée au Maroc est le Gelidium sesquipedale (dite algue rouge). Il existe trois zones de ramassage des algues marines : la Méditerranée, l'Atlantique Nord et l'Atlantique Sud. La zone d'El Jadida concentre plus de 80% de la production nationale. La plante est menacée d'extinction à cause d'une très forte surexploitation. Et les observations de l'INRH sont très alarmantes. En effet, les indicateurs font état d'une baisse considérable de la densité et de la biomasse sur le littoral d'El Jadida, principale zone de production. En effet, la biomasse est passée de 22.000 tonnes en 1999 à 12.600 tonnes en 2008. La densité, quant à elle, est passée de 4 kg/m2 en 1999 à 1,5 kg/m2 actuellement. La ressource est exploitée anarchiquement et majoritairement sans autorisation, avec utilisation d'engins prohibés, des barques non immatriculées et des chambres à air de poids lourds. De même, la période et les zones de pêche ne sont pas respectées. Parallèlement, les moyens de contrôle sont très insuffisants dans ce domaine fortement dominé par le circuit informel. Par ce fait, le système de traçabilité est difficilement applicable. Le quota annuel alloué est largement dépassé. Et le marché très porteur a été jusqu'à aujourd'hui en quasi-liberté quantitative à l'export. Le quota à l'export désormais plafonné Les mesures proposées par le plan ont été définies en concertation entre les acteurs publics et privés du secteur, est-il indiqué par le ministère. Elles sont de trois catégories. D'une part, les mesures d'aménagement relatives à la détermination de quota de pêche par site en fonction du potentiel exploitable. Il s'agit aussi de définir le nombre d'unités de pêche par site et d'appliquer des repos biologiques par zone. Le deuxième point a trait à l'instauration du système de traçabilité permettant le suivi du produit tout le long de la chaîne de valeur (depuis le débarquement jusqu'à l'export). Le ministère compte également procéder à l'implantation de structures commerciales de l'ONP au niveau des zones de pêche concernées en vue de l'organisation du circuit de commercialisation avec renforcement du contrôle. Le quota global à l'export est désormais plafonné à 6.040 tonnes autorisées dont 1.208 algues brutes et 805 tonnes d'algues transformées en agar-agar. Le dernier point concerne les dispositions juridiques relatives à l'élaboration d'arrêtés ministériels permettant de mettre en place un cadre réglementaire clair et strict définissant le cadre d'exploitation de la ressource. Agar-agar, produit miracle L'impact socioéconomique de la collecte des algues marines est considérable. C'est l'effervescence le long du littoral d'El Jadida à l'ouverture officielle de la saison prévue chaque année le 1er juillet jusqu'à fin septembre. Mais les premières semaines sont les plus prodigues en captures. Le secteur permet l'emploi de plus de 4.000 personnes, des familles entières : hommes, femmes et même des enfants. Dans la réalité plus de 5.500 saisonniers. Le ministère compte augmenter le chiffre d'affaires à l'export à quelque 200 millions de DH. Le plan est la valorisation du produit en procédant à la transformation avant export. L'objectif est le développement du positionnement du Maroc sur le marché international de l'agar-agar. La production de la campagne 2009 a été estimée officiellement à 8.400 tonnes rien que pour El Jadida. Plus de 14.000 tonnes selon les observateurs. L'algue marine est un produit à valeur croissante, particulièrement ses extraits: l'agar-agar, les alginates et les carraghénanes. Les extraits d'algues sont utilisés en tant qu'agents texturants, filmogènes ou émulsifiants dans de nombreux domaines, tels que l'industrie agroalimentaire et diététique, l'industrie pharmaceutique, la cosmétique et la thalassothérapie.