Engluée dans d'éternelles querelles politico-stratégiques, l'Union pour la Méditerranée (UPM) peine encore à porter ses empreinte. Pourtant, les choses bougent sur le terrain. En témoignent les conclusions issues du rapport 2010 de la Fondation Anna Lindh, qui a recensé puis analysé les tendances et valeurs interculturelles, ainsi que des recommandations pour leur rapprochement afin de mieux comprendre les défis que représentent les relations humaines et culturelles dans la région Euromed. Paradoxalement, c'est sur le plan de l'intégration culturelle où les défis sont en apparence plus complexe que se jouera certainement l'avenir de cette Union, qui malgré tout semble inéluctable. Fossé interculturel Réalisé en collaboration avec l'Institut Gallup, sur un échantillon de 13.000 habitants issus de 13 pays européens et sud-est méditerranéens, le rapport qui se présente sous forme d'enquête, ambitionne de réduire le fossé qui s'est creusé dans les perceptions mutuelles entre les populations vivant des deux côtés de la Méditerranée. Selon les résultats de l'enquête, malgré le brassage culturel qui ne cesse de prendre de l'ampleur des deux côtés de la rive méditerranéenne ces dernières années, les préjugés dominent encore largement les perceptions stéréotypées qu'ont les citoyens de part et d'autre. L'enquête a ainsi mis en exergue l'étendue de la méconnaissance et des perceptions erronées qui structure les rapports entre les populations, en particulier en ce qui concerne la perception des systèmes de valeur de l'Autre. Cette perception se voit encore accentuée par d'autres facteurs qui concourent à creuser davantage le fossé entre les deux rives. Ainsi, près de six personnes interrogées sur dix venants du Sud et de l'Est de la Méditerranée (57% des sondés), pensent que les parents européens accordent une importance majeure à apprendre à leurs enfants à vivre de manière indépendante et 44% d'entre eux voient également l'enseignement de la curiosité comme une valeur d'importance chez leurs voisins européens. D'un autre côté, seul un quart des personnes interrogées pensent que les Européens enseignent le respect à l'égard des autres cultures à leurs enfants, parallèlement à 17% d'entre eux qui pensent que la solidarité familiale est importante pour les Européens, alors que 14% pensent que les parents enseignent l'obéissance à leurs enfants. Il est à noter que parmi les Européens interrogés, respectivement 58%, 56% et 24%, ont néanmoins, placé ces valeurs en première ou en seconde position dans l'ordre des valeurs qu'ils enseignent à leurs enfants. Le rapport a relevé, en outre, que les Européens émettent également des jugements erronés sur leurs voisins et sur les valeurs transmises aux enfants, en particulier en sous-estimant l'importance de la croyance religieuse pour les peuples du Sud et de l'Est de la Méditerranée, qui se trouve à la tête de leurs priorités avec une fréquence s'établissant à 62% des cas. Des voies pour réussir l'intégration culturelle Le rapport fourni un certain nombre de directives et de propositions visant à surmonter les multiples obstacles à l'intégration culturelle. Il prône un investissement dans l'apprentissage interculturel à travers un soutien à la conception de nouvelles approches interculturelles pour les programmes scolaires, mais aussi l'éducation informelle. Le but recherché est de développer et de stimuler la pensée critique, l'empathie et la curiosité, en mettant notamment l'accent sur l'importance des religions. Il conviendra également de soutenir, à travers une gestion plus efficace, les médias dans l'amélioration de la connaissance et du respect. . Le rapport a également relevé la nécessité d'accorder une attention particulière à la dimension interculturelle au sein des espaces urbains qui sont de véritables opportunités de rencontres, et permettront donc de mieux sensibiliser les populations urbaines afin de promouvoir les échanges interculturels et les approches transnationales considérées comme essentielles dans le développement d'une ouverture d'esprit culturelle dans le contexte urbain. Enfin, le rapport a fait cas aussi de l'importance de développer les outils pour une interaction de qualité et a listé les actions qui pourraient maximiser les efforts de facilitation de dialogue entre les habitants de la région.