Le temps des grandes manœuvres boursières n'est décidément pas encore révolu, particulièrement pour les valeurs bancaires. Après les opérations stratégiques concernant CIH et BCP, c'est au tour d'Attijariwafa bank de retenir l'attention. En effet, juste avant la clôture de la séance de mardi dernier, deux opérations d'envergure sur la valeur transitaient par le marché de blocs, avec, à la clé, plus de neuf millions de titres qui ont changé de main. Le volume de ces deux transactions s'est établi à 4,9 MMDH, soit un prix unitaire de 265 DH. Cependant, il n'aura pas fallu attendre longtemps pour connaître la nature de ce deal, du moins en ce qui concerne le plus gros morceau. En effet, un communiqué publié par le gendarme de la Bourse espagnole a annoncé que, sur les 9 millions d'actions Attijariwafa bank échangées, 6.604.650 titres concernaient un deal conclu entre Caja De Madrid et le holding SNI. En tout, cette opération aura généré un flux de 1,75 MMDH, mais surtout 134 millions d'euros de plus-value pour la banque espagnole. Il s'agit là de la seconde opération du genre conclue par le holding, en quelques mois. Pour rappel, en décembre dernier, SNI avait racheté, auprès de Banco Santander, 10% des parts qu'elle détenait dans Attijariwafa bank. Le coût de l'opération avait alors atteint 4,2 MMDH et SNI montait, ainsi directement, dans le capital du groupe bancaire marocain à hauteur de 13,5%. Mais pourquoi donc ce désengagement des Espagnols du capital d'une banque leader sur son marché ? «Les banques espagnoles se retrouvent depuis la dernière crise dans une situation financière délicate. Pour s'en sortir, la cession de certaines de leurs participations à l'étranger ne peut être que salutaire, vu qu'elle leur permettra de renforcer leur fonds propres», explique un analyste de la place. Pour le cas du Maroc, et particulièrement Attijariwafa bank, seuls les holdings ONA et SNI, actionnaires de référence, pouvaient prétendre à reprendre les parts «délaissées» par Banco Santander et Caja De Madrid, en raison principalement de la rapidité dont font preuve les deux groupes dans l'exécution de leurs opérations stratégiques. D'autant plus que les deux banques espagnoles s'en tirent avec des plus-value constantes. Quid du deuxième bloc ? Si la première transaction a été confirmée officiellement, l'énigme entoure toujours la nature de la seconde transaction portant sur 2.772.000 titres pour un montant de 800 MDH. Les premières informations que nous avons recueillies auprès du marché font état d'un deal, là aussi conclu par la SNI. Cependant, à l'heure où nous mettions sous presse, la nature du cédant n'était pas encore certaine. Dans ce sens, deux hypothèses reviennent avec insistance. La première concernerait un désengagement du fonds FinInvest, détenant jusque là 1,44% du capital de la banque marocaine. La deuxième information circulant sur le marché annonçait le Crédit Agricole de France comme cédant des 2,7 millions de titres. Mais pour que cette version soit recevable, il faudrait que le groupe français fasse partie des divers actionnaires détenant les 14,24% du flottant d'Attijariwafa bank en Bourse, chose qui ne peut être vérifiée, sauf si l'un des deux protagonistes de l'opération en faisait l'annonce officielle. En tout état de cause, l'échange de ces deux blocs au profit de la SNI se traduit par le renforcement des parts détenues par la holding, conjointement avec sa consœur ONA, à plus de 46%, ce qui ne rime pas vraiment avec la stratégie annoncée par les deux groupes dans le cadre de leur projet de fusion. En effet, celui-ci prévoit parmi ses principales orientations que la nouvelle entité ne soit plus qu'«un actionnaire significatif», dont la participation serait comprise entre 20% et 40%, dans les filiales ayant atteint leur maturité, une taille critique et un stade de développement pérenne. Attijariwafa bank présente toutes ses caractéristiques. Elle fait, d'ailleurs, partie des prochaines cessions de filiales attendues par la communauté boursière. «SNI maintient toujours son engagement de céder les parts des filiales matures, dont Attijariwafa bank», confirme une source proche du holding. Ceci dit, cela ne peut aucunement être traduit par un renforcement des parts qui devraient être cédées au profit des investisseurs marocains. Le marché boursier ne sera, en effet, pas l'unique porte de sortie pour le nouvel holding. À en croire nos sources, SNI devrait lancer en 2011 un appel d'offres sur le marché international en vue de céder des parts conséquentes d'Attijariwafa bank. C'est dire que l'actualité concernant le tour de table du leader bancaire est loin d'être totalement consommée.