«La nouvelle nous a pris de court!». Telle est la réaction d'un analyste senior d'une importante société de Bourse de la place, à propos de la récente transaction sur Attijariwafa bank. Sa valeur boursière a fait l'objet d'une énorme opération sur le marché de blocs, qui a drainé plus de 8 milliards de DH. Le mouvement a été opéré au sein d'une multitude d'opérations d'allers et retours, juste avant la clôture de la séance boursière de lundi. Le couperet n'est tombé que plus d'une heure plus tard: Grupo Santander, partenaire de longue date d'AWB, a vendu une part de ses participations (près de 10%) dans la filiale bancaire de l'ONA à la SNI. Selon un communiqué du groupe espagnol, la transaction a coûté 367 millions d'euros, soit 4,15 milliards de DH. La plus-value sur cette vente, qui sera comptabilisée sur l'exercice 2010 de Santander, s'élève à 223 millions d'euros. Optimiser les fonds propres Pour l'heure, plusieurs scénarii ont circulé sur les raisons de cette cession-surprise. Celui qui revient le plus souvent parle d'un retrait de Santander pour se recentrer sur ses opérations nationales, développement de sa stratégie en Amérique latine... En fait, selon un communiqué officiel, le banquier espagnol a réduit sa participation dans AWB pour des raisons beaucoup plus terre-à-terre: celui du renforcement de ses fonds propres. Partant, ses parts dans le capital de AWB passent à 4,55%, tout comme il maintient sa présence au conseil d'administration de la banque. Néanmoins, si l'optimisation de la trésorerie est une raison suffisante pour se retirer, elle n'est probablement pas la seule, selon les analystes: «C'était plus intéressant pour Santander de céder ses parts, d'autant plus qu'elle pouvait difficilement se renforcer davantage dans le tour de table de AWB». D'autres spécialistes évoquent la prudence de Santander qui, au demeurant, n'est pas très touchée par la crise financière, «mais la situation pourrait empirer». Le partenariat AWB-Santander remonte à 1988, date à laquelle Banco Central (devenue depuis Banco Central Hispano-Americano, puis Santander Central Hispano, avant de devenir Grupo Santander), était rentrée dans le capital de la Banque commerciale du Maroc. Le groupe espagnol compte poursuivre les projets de coopération entamés, notamment dans le trade finance, l'accompagnement des investisseurs étrangers au Maroc (en particulier ibériques et latino-américains), ainsi que l'ouverture des marchés de Grupo Santander aux opérateurs marocains. Sortie de devises Par cette opération, SNI a augmenté sa participation dans AWB à 13,49%. Elle réalise de ce fait une opération d'envergure, la banque étant la filiale la plus rentable de l'ONA. Cependant, rien ne filtre sur le montage financier qu'adoptera la SNI pour le financement de cette acquisition. Là également, plusieurs scénarii sont avancés par les analystes. L'émission obligataire est bien sûr le moyen le plus probable. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y aura sortie de devises, puisque le vendeur des parts est étranger. «Ces 4,15 milliards de DH impacteront nos réserves de change, notamment après l'opération de Finance.Com pour acquérir le reliquat des parts de Méditel», souligne un spécialiste. Ce dernier indique que pour atténuer la pression sur les devises, la Banque centrale a l'option d'émettre des bons du Trésor en euros. «Par ailleurs, une autre solution pour la SNI serait de lever des fonds en Europe, d'autant plus que les taux d'intérêt sont très bas en ce moment».