On commence à amorcer un débat d'idées autour de tout ce qui se passe dans notre environnement, les langues de notre élite se sont enfin déliées. Le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum a eu le mérite de rassembler autour de la même table Noureddine Ayouch, Karim Tazi, Ahmed Sassi, Mustapha Aourid et Mustapha Ramid, autant dire une diversité d'horizons et un bouillon de réflexion. Quand Tazi dit sans ambiguité que «régner, gouverner et faire des affaires est un triangle dangereux», Ayouch réplique d'un ton rassurant que «le retrait progressif des affaires est programmé depuis une année et que dans quelques semaines des filiales de la holding royale seront cédées». Une déclaration qu'il n'a pas hésité à confirmer de vive voix aux Echos quotidien. Quand une grande partie de l'assistance voulait également que l'entourage royal soit neutre vis-à-vis des affaires et de la politique et réclamait la fin de «l'hégémonie» de certaines personnes nommément désignées, Ayouch revient à la charge en certifiant que «Majidi a pris l'initiative de retirer sa régie du secteur publicitaire et c'est un signal fort». Quand Ali Bouabid demande «une loi qui établit les incompatibilités entre les hommes politiques et les affaires», Ayouch déclare sans détour qu'il est «pour une monarchie au-dessus des affaires et de la politique». Et Tazi de saisir cette perche en insistant sur le fait que le souverain a un statut du père de toute la nation. Qui aurait cru qu'un tel débat se déroulerait à Rabat ? Sur la forme, c'est tout à l'honneur du Maroc et de son élite. Sur le fond, c'est une révolution en soi, car c'est la première fois que des personnes proches du Palais acceptent ce genre de débat constructif, de haute facture et sans langue de bois. C'est rassurant et cela augure d'un lendemain meilleur pour le Maroc, Roi et peuple, n'en déplaise à la presse alimentée de «yaourt» et armée de «ciment» !