1.Tu n'attendras plus la pluie... pour faire de la croissance «Nous nous dirigeons vers une année de sécheresse», déplorait le Wali de Bank Al-Maghrib à l'issue de la tenue du Conseil de la Banque centrale. «Au 20 mars, nous sommes sur une récolte d'environ 38 millions de quintaux. Nous sommes donc très loin d'une année moyenne et cela va impacter la croissance», a-t-il pré- cisé. De plus, la conjoncture internationale est encore plus difficile surtout en Europe. «Cela devrait impac- ter la demande extérieure adressée au Maroc», argue Jouahri. Cette conjonction d'éléments amène Bank Al-Maghrib à pronostiquer un taux de croissance compris entre 2 et 3%, loin des 4,2% affichés par le projet de loi de finances 2012. 2.Tu ne serreras plus la vis... du taux directeur Ce n'était plus arrivé depuis 2009, la Banque centrale a décidé de baisser son taux directeur le ramenant de 3,25% à 3%. Jouahri avance que le Conseil a analysé l'impact des tensions inflationnistes qui semble atté- nué. «Nous restons sur une tendance avec une absence de pressions sur les prix», explique-t-il. Mieux, il es- time que la balance des risques reste orientée à la baisse même en prenant en compte l'augmentation de 5% du SMIG, en juillet prochain, accordée par le gouvernement El Fassi dans le cadre du dialogue so- cial de l'année dernière. 3.Tu ne céderas plus... devant les syndicats Jouahri en appelle au sens patriotique de tous pour éviter d'aller droit dans le mur. Pour lui, pas question de céder devant la pression des syndicats durant le prochain dialogue social. D'ailleurs, le Wali de Bank Al-Maghrib rappelle que l'année dernière, le gouver- nement El Fassi avait accordé des augmentations qui s'étalent sur 2011 et 2012. Pas question donc d'en ra- jouter cette année sous peine de mettre en péril des finances publiques très fragilisées. Pour Jouahri, les syndicats doivent reporter leurs doléances à l'année prochaine. 4.Tu ne dévalueras point... le cours du dirham «C'est une mesure populiste qui aura un effet limité dans le temps. Vous ne pouvez pas guérir une maladie avec de l'aspirine», s'insurge Abdellatif Jouahri contre ceux qui plaident pour la dévaluation du dirham. D'ail- leurs, il voit l'ombre du lobby «d'un certain secteur bien déterminé» derrière cette proposition. «Quand vous faites une inflation de 0,9%, il n'y a pas de désali- gnement du dirham par rapport à sa cotation», ex- plique-t-il avant d'arguer que «la réponse se trouve au niveau de notre compétitivité et de notre offre». 5.Tu ne te voileras plus la face... devant la compensation Dans le projet de loi de finances 2012, l'Exécutif se fixe comme objectif de ramener le déficit à 5% du PIB alors même qu'il fixe les charges de compensation à 46 MMDH pour 2011. Aussi, vu que ces charges se sont fixées à plus de 52 MMDH, en plus des arriérés de 16 MMDH, pour Jouahri, cet objectif n'est réalisa- ble que si des mesures significatives sont prises très rapidement. Or, il est très important pour les institu- tions internationales que le Maroc remplisse ses en- gagements en matière de déficit. «Il faut expliquer par des éléments tangibles la soutenabilité budgétaire à moyen terme. Nous ne pouvons pas le démontrer sans mesures dès cette année», explique le Wali pour qui la solution est dans le ciblage des populations défa- vorisés et le maître mot en la matière doit désormais être «distribution équitable des richesses» 6. Tu ne marginaliseras plus... la PME et la TPE «Nous avons convenu d'être plus volontaristes vis-à-vis de notre économie et plus particulièrement des PME et TPE», a souligné Abdellatif Jouahri à l'issue du Conseil de BAM. «Nous avons fixé au GPBM un objectif de financement des PME et TPE», précise-t-il. Pour ce faire, la Banque centrale devrait prendre comme collatéral les effets des finance- ments dédiés à cette catégorie d'entreprises. Les moda- lités fixées avec le groupement professionnel des banques marocaines prévoient un reporting trimestriel sur la base duquel Bank Al-Maghrib dédiera 25% des facilités à 3 mois au financement des PME et TPE. «Ce chiffre peut être revu à la hausse», lance Jouahri, en attendant le retour d'expérience de ce qu'il qualifie de phase test. 7.Tu n'oublieras plus... la bancarisation rurale Bank Al-Maghrib est en train d'élaborer un système de soutien aux implantations bancaires dans le monde rural. «La cartographie de la bancarisation montre que le milieu rural reste largement sous équipé», explique le Wali de BAM pour motiver ce sys- tème de soutien. «Nous allons analyser le niveau des pertes engendrées par ces implantations pour finaliser le système de soutien aux banques», étaye-t-il. 8.Tu ne désavantageras plus... la finance islamique «Nous avons commencé par les fenêtres», avance Jouahri au sujet de la finance islamique expliquant que les produits de ce type sont désormais maîtrisés et que nous pouvons désormais aller plus loin. Il rap- pelle dans ce sens qu'un chapitre y sera consacré dans la nouvelle loi bancaire. Aujourd'hui, plus de doute, l'avènement de ce type d'établissements dits islamiques ou alternatifs est imminent. Sauf que le Wali prévient qu'il n'y aura pas de Sharia Board au ni- veau de chaque banque puisque les experts seraient, dans ce cas de figure, juge et partie. La validation des produits devrait provenir d'un comité d'expert natio- nal. Le plus important pour Jouahri est de veiller à ce qu'il y ait une équité fiscale entre les produits ban- caires classiques et islamiques. 9.Tu ne distribueras pas... trop de dividendes «Nous avons demandé à certaines banques de diminuer les dividendes distribués pour provisionner certains sec- teurs en difficulté», affirme Jouahri. Ce provisionne- ment concerne notamment les secteurs du tourisme de luxe et du transport maritime. Par ailleurs, le Wali se réjouit que le système bancaire marocain soit dés- ormais à la limite des règles prudentielles de Bâle III. Toutefois, Jouahri rappelle que ces règles ont été mises en cause par la banque fédérale américaine. En tout cas, les banques marocaines ont pris de l'avance en at- tendant de voire si ces règles doivent être revues. 10.Tu ne failliras point... à tes engagements Interpellé sur le risque de voir les difficultés que connaissent les banques françaises les amener à pom- per du cash sur leur filiales locales, Jouahri rassure. «Nous les avons suivies de très près dès le début», as- sure-t-il. Rien à signaler de ce côté. Et de renchérir : «Elles ne se hasarderont pas à manquer à leurs enga- gements vis-à-vis de nous...Elles tiennent trop à leurs filiales marocaines». Ce qui est compréhensible vu que ces dernières restent les plus performantes et font parfois mieux que leurs maisons mères.