Existe-t-il réellement des OPCR ? Dans la pratique, certes, les OPCR exercent bel et bien et ont même leurs bailleurs de fonds. Néanmoins, s'il était question de s'en tenir aux dispositions de la loi n°41-05 relative aux organismes de placement en capital risque, la réponse tournerait tout de suite à la négation. Un décalage relevé jusque dans les données du dernier rapport annuel du CDVM, mais qui ne semble pourtant pas poser de problèmes quant à la légitimité de ces entités. Selon Françoise Giraudon, déléguée générale de l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), «la loi 41-05 est optionnelle et comme elle présente plusieurs caractères limitatifs, aucune société n'a souhaité se plier à ses dispositions». En effet, l'activité de capital-risque, au sens strict de cette loi, consiste à financer des petites et moyennes entreprises (PME) de droit marocain. Pourtant, sur le marché, la répartition des investissements de ces fonds ne se limite pas au territoire marocain. Selon les statistiques de l'AMIC, huit fonds sont investis au Maghreb et quatre autres dans d'autres pays africains. Un deuxième bémol est à relever aussi quant aux critères liés à la définition de cette PME à financer. D'un point de vue juridique, les capital-risqueurs sont tenus d'allouer 50% de leurs ressources aux PME, alors que la pratique les pousse à investir dans des structures qui ne correspondent pas forcément à la définition de la charte de la PME. De plus, l'exercice de la profession de capital risqueur doit être l'objet exclusif des sociétés gestionnaires d'OPCR. Or, les sociétés de gestion existantes opèrent en tant que sociétés de capital investissement chez qui l'activité risque ne représente que 15% de l'ensemble de leurs investissements et ne représentera que 10% au terme de l'année en cours, selon les prévisions de l'AMIC. D'où la nécessité de la refonte du texte de loi, insiste Françoise Giraudon. Un débat qui ne date pas d'hier. Déjà au lendemain de l'entrée en vigueur du texte de loi en question, les professionnels avaient haussé le ton pour faire modifier la loi jugée très limitative. En fin de course, ils avaient obtenu «l'optionalité» de cette loi. Résultat, à aujourd'hui, aucun des fonds n'a opté pour la forme juridique proposée par le texte en vigueur, s'orientant davantage vers des formes traditionnelles, telles la société anonyme, la société en commandite par action ou encore la société par actions simplifiée, qui représentent respectivement 46%, 3% et 13% des formes d'entreprises existantes sur le marché. Le reste des fonds (46%) optant pour des formes de nationalité étrangère. 52% des capitaux levés sont étrangers Côté réalisations, la lecture des dernières statistiques de l'AMIC, fait état, à fin 2009, de 17 sociétés de gestion de capital investissement, gérant 26 fonds. 16 de ces fonds sont généralistes, tandis que 10 d'entre eux sont spécialisés (NTIC, tourisme, agriculture, infrastructures, santé,...). Les capitaux levés en 2009, s'élèvent à 481 MDH, quant aux montants investis dans 84 entreprises, ils s'élèvent à 166 MDH. Les capitaux levés sont majoritairement apportés par des organismes internationaux, représentant, ainsi, 52% des capitaux levés. Les investissements européens sont principalement représentés dans les fonds de fonds et les organismes internationaux de développement. Les autres catégories représentent majoritairement les investisseurs marocains.