Hamid Elmahdaouy semble s'être attribué un rôle inédit dans le paysage médiatique marocain : celui d'arbitre suprême des règles déontologiques et légales de la profession. Définissant à sa guise les contours du licite et de l'illicite, il se réserve le droit d'absoudre ou de condamner, d'édicter les principes du journalisme tout en contestant ceux qui osent s'écarter de ses préceptes. Se drapant dans une posture d'intransigeance morale, il n'hésite pas à s'ériger en censeur de ses confrères, écartant sans ménagement ceux qui lui opposent une divergence d'opinion. Son privilège d'invective, qu'il revendique avec ferveur, ne semble souffrir d'aucune réciprocité : lui seul, après Abdel-Ilah Benkiran, pourrait, selon sa logique, user de qualificatifs outranciers à l'égard des responsables publics sans encourir la moindre réprobation. Hamid Elmahdaouy s'est arrogé le droit d'édicter seul les règles du journalisme au Maroc. Se faisant juge et législateur, il a établi les fondements de l'incrimination, exposé les causes d'exonération et précisé les circonstances aggravantes liées à l'usage des réseaux sociaux. Se drapant dans l'autorité des législateurs antiques, il a façonné la déontologie professionnelle à sa convenance, écartant toute voix dissidente. Il s'est attribué des privilèges que nul autre n'aurait osé revendiquer : à l'instar d'Abdel-Ilah Benkiran, l'ancien chef du gouvernement islamiste, il s'est permis d'affubler les hauts responsables du pays d'épithètes injurieuses, sous couvert d'un prétendu «militantisme» qui, à ses yeux, l'aurait dispensé de toute responsabilité. Une incursion dans le domaine sécuritaire Mais son ambition a dépassé les frontières du journalisme. Il s'est arrogé le droit de statuer sur l'organisation des institutions sécuritaires, s'autorisant à dicter les programmes auxquels leurs représentants devaient participer, tout en sélectionnant les journalistes jugés aptes à les recevoir. Selon les principes qu'il a édictés, aucun cadre des forces de l'ordre n'aurait dû apparaître dans une émission animée par une personne en désaccord avec lui. Poussé par une audace sans borne, il a même interpellé Abdellatif Hammouchi (DGSN-DGST), pour faire appliquer cette exigence, comme s'il s'agissait d'une directive officielle. Dans l'univers normatif qu'il a construit, toute demande d'entretien avec un responsable sécuritaire aurait dû être précédée d'une enquête de moralité sur le journaliste requérant. Si ce dernier figurait parmi les «indésirables» selon Elmahdaouy, la requête devait être rejetée d'emblée. Loin d'un simple caprice personnel, cette posture a traduit une volonté d'imposer sa propre vision des institutions, comme si sa personne constituait une pierre angulaire de l'édifice étatique. L'art de la victimisation et des amalgames Ce prisme autoritaire n'a guère étonné de la part de celui qui a tenté jadis de manipuler une affaire de construction illégale en la hissant au rang de crise nationale. N'a-t-il pas affirmé que la destruction de son bien contrevenait aux intérêts du pays ? N'a-t-il pas établi un parallèle absurde entre la démolition de sa villa à Tiflet et la question du Sahara ? N'a-t-il pas accusé les autorités de complaisance envers le séparatisme sous prétexte qu'elles refusaient de lui accorder un passe-droit ? La mécanique est toujours restée la même. Chaque intervention sur YouTube est devenue une tribune où il se met en scène, paré d'une autorité qu'il s'est octroyée seul. Convaincu de sa propre infaillibilité, il s'est érigé en arbitre des décisions des forces de sécurité et de la justice, comme si l'ordre public relevait de son jugement personnel. Un double discours flagrant Ce qui a frappé, au-delà de cette prétention, c'est l'incohérence de son discours. Il s'est revendiqué une liberté qu'il a refusée aux autres. Il s'est autorisé à inviter des figures controversées prônant la partition du pays ou condamnées pour viol, à l'instar du journaliste déchu Toufik Bouachrine, mais s'est insurgé lorsqu'un autre journaliste a donné la parole à une cadre de la police évoquant la sécurité routière. Dès lors, une question s'est imposée : Hamid Elmahdaouy est-il devenu une entité intouchable, placée au-dessus des lois et de la contradiction ? Ou bien l'obsession des audiences numériques a-t-elle engendré des illusions pathologiques, menant certains à perdre tout repère sur leur véritable place dans l'espace public ?