L'AMIC est placée sous le contrôle du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) à travers la loi 41-05. Les entreprises ayant fait appel au captal-investissement ont vu leur chiffre d'affaires croître de 26% par an et leurs effectifs de 15% par an sur les 5 dernières années. Adil Rzal, Directeur général d'Upline Investments, nous éclaire sur les tenants et aboutissements du capital-investissements au Maroc. -Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous rappeler dans quel cadre l'AMIC a été créée et ce qui a motivé les investisseurs à se lancer dans le capital-investissement ? -Adil Rzal : Le secteur du capital-investissement a démarré au Maroc au début des années 90 avec la société Moussahama, fondée par des banques marocaines (BP, BMCE…) et des agences de développement (BEI, AFD…). Ainsi, après une phase de démarrage, les investisseurs ont créé leurs propres structures de capital-investissement. Une première génération de fonds d'investissement totalisant 1 Md de DH a été lancée et les opérateurs se sont regroupés au sein de l'AMIC en vue d'unir leurs efforts pour promouvoir la compétitivité du secteur du capital-investissement auprès des investisseurs, des pouvoirs publics et des entrepreneurs. Dans un contexte économique et réglementaire difficile, les investisseurs ont voulu, par le biais de cet outil, moderniser les entreprises marocaines et permettre le développement d'équipes de professionnels du capital-investissement. L'AMIC fédère aujourd'hui les 17 sociétés de gestion établies au Maroc et compte une dizaine de membres associés tels que cabinets d'avocats, auditeurs et consultants. - F.N.H. : Aujourd'hui l'AMIC boucle sa onzième année. Peut-on savoir quelles sont les réalisations accomplies et quels sont les défis à relever pour les années à venir ? - A. R. : L'AMIC s'est dotée d'un délégué général depuis 2006. L'élection du bureau, du président et du vice-président s'effectue toutes les deux années. Parmi les réalisations les plus importantes, nous pouvons citer : • la réalisation de la première étude d'activité englobant l'impact économique et social du secteur du capital-investissement ; • la réalisation d'une étude comparative du cadre règlementaire marocain avec les environnements légaux et fiscaux de 4 pays étrangers à savoir l'Afrique du Sud, la Tunisie, la Turquie et la France ; • la réalisation depuis 2010 de la «Journée du capital-investissement» ; • la mise en ligne du site Internet de l'association ; • l'organisation de formations de haut niveau pour les professionnels du métier et de petits déjeuners thématiques ; • la présentation et la publication des résultats 2009 et 2010 de l'étude d'activité, de performance et de croissance du capital-investissement au Maroc ; • l'élaboration et la mise en œuvre d'une stratégie de lobbying destinée à faire évoluer le cadre règlementaire, juridique et fiscal relatif au capital-investissement ; • l'édition de documentation thématique à destination des investisseurs institutionnels, des entrepreneurs et des professionnels du capital-investissement. Cette décennie a été marquée par la promulgation de la loi 41-05 sur les Organismes de Placement en Capital Risque (OPCR). Cette dernière place l'AMIC sous le contrôle du Conseil Déontologique?des?Valeurs Mobilières (CDVM) et rend l'adhésion à l'AMIC obligatoire pour toute société de capital-risque qui gère des OPCR. L'AMIC devient ainsi l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et doit porter les revendications des professionnels, notamment celles relatives à l'amélioration du cadre légal et fiscal des OPCR et des sociétés de gestion. -F.N.H. : Est-ce que l'on peut considérer que contrairement aux années précédentes, le Maroc offre de réelles opportunités pour le développement du capital-investissement ? -A. R. : En effet, le secteur du capital-investissement a déjà démontré une réussite présageant un bel avenir. Le secteur est doté d'équipes de gestion expérimentées dans la gestion de fonds d'investissements avec un track record dans les opérations de montage et de cession. Nous comptons à ce jour plus de 130 entreprises investies par un fonds d'investissement et une quarantaine de sorties réalisées avec un TRI moyen brut de 17%. Ces entreprises ont vu leur chiffre d'affaires croître de 26% par an et leurs effectifs de 15% par an sur les 5 dernières années. Il y a eu un nombre important de sorties réalisées par la Bourse, notamment en 2006 et 2007. Le cadre réglementaire et fiscal va certainement contribuer à l'essor de l'activité puisqu'il donne une transparence fiscale pour les OPCR et permet aux compagnies d'assurance d'investir jusqu'à 1% de leurs réserves dans des OPCR. Nous pouvons affirmer que les rendements de cette classe d'actif, au cours de sa phase de création, sont nettement supérieurs à ceux, à la même étape, des pays occidentaux. - F.N.H. : Quels sont vos principaux indicateurs de performance au titre de l'année 2010 ? - A. R. : Le montant cumulé des capitaux levés totalise 7,3 milliards de dirhams à fin 2010 dont pratiquement 976 millions levés en 2010. Les investissements cumulés à fin 2010 totalisent 2,6 milliards de dirhams dont 665 millions de dirhams en 2010. Le TRI brut moyen des sorties réalisées s'élève à 17%. - F.N.H. : Les investisseurs se plaignent de la lenteur des institutionnels. Que fait l'AMIC pour y remédier ? - A. R. : Certes, les institutionnels ne sont pas suffisamment encouragés à mobiliser des fonds pour le capital-investissement. L'AMIC fait du lobbying auprès des pouvoirs publics pour l'aménagement du cadre réglementaire des OPCR qui reste très restrictif. En effet, les OPCR doivent investir au moins 50% de leurs actifs dans des PME (CA inférieur à 75 MDH) pour bénéficier de la transparence fiscale. Or, l'élargissement à toute société non cotée sans distinction de taille permettra de collecter plus de fonds. - F.N.H. : En dépit des efforts déployés, la levée des fonds au Maroc reste timide. Quels sont d'après vous les écueils à éviter ? - A. R. : Nous pensons qu'il y a un gisement pour la levée de fonds auprès des compagnies d'assurance et des particuliers (FCPI, FIP...). À l'instar de la situation dans des pays plus évolués en matière de capital-investissement, les compagnies marocaines d'assurance doivent être autorisées à investir une part de leurs réserves techniques dans les fonds d'investissement. Actuellement, elles puisent dans leurs fonds propres pour investir dans les fonds d'investissement car elles ne peuvent exploiter leurs réserves techniques. Pour ce qui est du développement de l'épargne privée, à l'instar des FCPI (Fonds Communs de Placement en Innovation) ou FIP (Fonds d'Investissement de Proximité), l'investissement dans cette classe d'actif devrait faire l'objet d'un traitement fiscal plus favorable pour les investisseurs individuels. Dossier réalisé par S. Es-siari