* Grâce à une étude accomplie en partenariat avec Fidaroc et l'Union européenne, l'AMIC dresse le bilan de cette industrie. * L'Etat accorde son soutien au secteur du capital-investissement en capitalisant sur les partenariats public-privé. * 6,2 Mds de DH ont été levés par les fonds de capital-investissement à fin 2008, pour un rendement dépassant 26%. Le capital-investissement était encore à l'honneur à l'occasion d'une journée dédiée, organisée cette fois-ci par l'Association marocaine des investisseurs en capital. Une manifestation inaugurée par Ahmed Reda Chami, ministre du Commerce, de l'Industrie et des Nouvelles Technologies, qui a tenu à apporter son soutien à l'industrie du capital-investissement en annonçant que l'Etat prendrait toutes les dispositions pour la promouvoir. Le ministre a rappelé dans ce sens la mise en place par l'Etat de deux fonds publics-privés orientés vers le capital-risque, le capital-développement et le capital-transmission pour un budget total de plus d'un milliard de DH sur une période s'étalant de 2009 à 2015. Ces fonds, qui seront gérés par des opérateurs professionnels, sélectionnés fin mai, «auront pour mission de financer les PME domiciliées au Maroc et dont le chiffre d'affaires est inférieur à 100 MDH», a-t-il expliqué, ajoutant que l'apport maximal de l'Etat a été fixé à 175 MDH. Et afin d'encourager l'investissement dans ces fonds, l'Etat a mis en place des mesures incitatives, notamment la restitution d'une partie de ses gains à l'actionnariat privé et en entourant ces fonds de toutes les garanties nécessaires, a fait savoir A.R. Chami, formulant ainsi l'espoir de voir le capital-investissement s'engager dans cette entreprise. Par ailleurs, l'AMIC a tenu, lors de cette rencontre, à rassembler les acteurs de cette industrie afin de présenter les résultats de l'étude confiée au cabinet Fidaroc Grant Thornton, avec l'appui financier de l'Union européenne, et qui se devait de mettre en relief les opportunités de développement et de croissance dont le capital-investissement est moteur. «Cette étude nous permet, grâce à sa méthodologie, de mieux connaître la profession et de mettre en évidence sa contribution», explique Omar Chikhaoui, président de l'AMIC. L'étude, la première du genre faut-il le reconnaître, a donc apporté un éclairage intéressant sur cette industrie. A commencer par une vue sur les caractéristiques des sociétés de gestion et des fonds sous gestion. Elle fait ainsi savoir que le nombre de sociétés de gestion opérant dans le capital-investissement a atteint 17 entités à fin 2008, avec une forte évolution recensée durant les années 2000. Néanmoins, il est à préciser qu'entre 2001 et 2005, l'évolution de l'activité s'est faite au ralenti, à l'instar de la période entre 1992 et 1999, en raison d'une conjoncture nationale et boursière défavorable à l'investissement en capital. Pour le volet de l'apport de capitaux, il ressort de l'étude que les sociétés de gestion s'approvisionnent en capitaux à hauteur de 75% auprès des institutions financières, alors que leurs sociétés-mères se contentent d'un apport de 10% en moyenne seulement des capitaux. De leur côté, les fonds sous gestion ont vu leur nombre se multiplier par 3 entre 2004 et 2009, passant de 8 à 25 entités d'une durée de vie moyenne de 10 ans. Et c'est en 2008 qu'ont été créés le plus de fonds sous gestion lors des dix dernières années, avec la naissance de pas moins de 9 fonds. Les capitaux levés ont totalisé, quant à eux, 6,2 Mds de DH à fin 2008, soit un taux de croissance annuel de 60% à partir de 2005. 53% de cet apport sont issus de l'étranger, notamment des organismes internationaux tels que la BEI, Proparco, SFI et autres. Les personnes physiques ne contribuent, de leur côté, qu'à hauteur de 17% des capitaux levés, alors que dans des pays comme la France, cette catégorie d'investisseurs représente la principale source de fonds. Quid des investissements Sur un autre registre, l'AMIC et ses partenaires ont également tenu à apporter un éclairage sur la nature des investissements opérés par les capital-investisseurs au Maroc, ainsi que les performances qu'ils réalisent conjointement avec les entreprises qu'ils accompagnent. A ce niveau, un chiffre attire particulièrement l'attention. Il s'agit du montant cumulé des capitaux investis et qui ne dépasse pas 1,808 Md de DH. Selon les professionnels, «le différentiel entre les montants levés et investis s'expliquent essentiellement par le fait que les récentes levées, qui se chiffrent à 3,4 Mds de DH entre 2007 et 2008, n'ont pas encore été investies », nonobstant les frais de gestion et les effets des variations des taux de change. Le taux de croissance moyen annuel des investissements s'élève ainsi à 30% entre la période comprise entre 1994 et 2008. Notons que sur cette dernière période, pas moins de 98 investissements ont été opérés dans 86 entreprises, ce qui témoigne de la montée en puissance qu'est en train de connaître le capital-investissement. Et ce sont les secteurs des services, de l'industrie et des technologies qui en tirent le plus de profit, puisqu'à eux seuls ils s'accaparent 54% des montants investis et 53% du nombre d'entreprises alliées aux capital-investisseurs. Ces derniers semblent, par ailleurs, privilégier le capital-développement aux capital-transmission et capital-risque, et les participations minoritaires (ne dépassant pas les 34% des parts des entreprises) aux prises de participation majoritaires. Cependant, la logique veut que le capital-investisseur ne soit pas un accompagnateur à vie de l'entreprise. « Sur l'ensemble des portefeuilles, 29 actes de désinvestissement ont été enregistrés à fin 2008», mentionne l'étude de l'AMIC. Les bailleurs de fonds ont d'ailleurs profité de l'euphorie boursière de l'année 2007. Lors de cette année-là, des PME accompagnées par des fonds de capital-investissement ont rejoint la cote, ce qui a permis à ces derniers de retrouver 575 MDH suite à leur retrait de l'actionnariat de ces entreprises. Au final, 64% des fonds générés par les actes de désinvestissement sont relatifs à des opérations d'introduction en Bourse. Enfin, l'étude a démontré que le capital-investisseur n'est pas le seul à gagner quand il investit une entreprise. Cette dernière en profite tout autant. Selon l'AMIC, le chiffre d'affaires des entreprises investies a connu un accroissement global de 29,91%. De quoi motiver les PME en quête de financement à faire appel aux capital-investisseurs. * L'approche adoptée : Six principales étapes L'enquête sur le capital-investissement a été décidée par l'AMIC en 2009. Elle a couvert l'ensemble des fonds opérationnels ayant un bureau de représentation au Maroc. Cependant, au niveau de l'activité, l'étude a concerné l'ensemble des secteurs, mis à part les fonds dédiés au tourisme, l'infrastructure et l'immobilier, «lesquels ont été jugés non assimilables à la définition du capital-investissement», mentionne-t-on dans le rapport final. Par ailleurs, l'AMIC fait savoir que la méthodologie observée repose sur six principales étapes. On notera d'abord l'identification des sociétés de gestion et fonds intervenant dans le périmètre, la prise de contact avec l'ensemble du gestionnaire de fonds, l'instruction d'un questionnaire et la diffusion d'une charte de confidentialité à toutes les sociétés de gestion. Ensuite, les données statistiques ont été traitées avant le contrôle de la cohérence et la validation des résultats. Aussi, «le recensement des données a-t-il eu pour axes principaux l'analyse de l'évolution et des stratégies d'investissements, l'analyse des entreprises en portefeuille, des désinvesti- ssements, et l'évaluation de l'impact économique et social du capital-investissement au Maroc», fait-on savoir au sein de l'AMIC. * Rendement du capital-investissement : Un TRI de 33% pour le capital-développement L'euphorie des introductions en Bourse de l'année 2007 n'a pas manqué de se répercuter sur les performances des capital-investisseurs. Ainsi, les fonds engagés dans le capital-développement, et qui ont profité le plus des IPO, affichent un taux de rendement nettement supérieur à celui de l'ensemble du secteur, avec 33.3%, contre une moyenne globale de 26,85% à fin 2008. Il est toutefois à signaler que ce TRI n'est pas final et n'intègre que les actes de désinvestissement jusque-là réalisés. «Ce TRI moyen, même s'il n'est pas encore définitif et qui sera probablement révisé à la baisse, reste encourageant du fait qu'il s'agit d'une première génération de fonds ayant évolué dans un environnement réglementaire peu adapté», nuance-t-on au sein de l'AMIC.