EF Invest donne le vrai coup de départ du capital risque dans le royaume. Cet organisme de placement Capital-Risque (OPCR), ayant une forme juridique de société de Capital risque (SCR), est en effet le premier à voir ses statuts et ses documents d'information approuvés par le Conseil déontologique des valeurs mobilières. Jusque là, plusieurs sociétés de gestion d'OPCR avaient reçu leur agrément du gendarme des marchés financiers, mais aucune n'avait pour le moment d'OPCR en gestion. Aussi, le premier OPCR à voir le jour au Maroc sera géré par la société de gestion «Brookstone Partners Morocco» agréée par arrêté du ministre de l'Economie et des finances en octobre dernier. Il faut rappeler que les SCR ont pour objet exclusif l'activité de capital risque, à savoir le financement de PME remplissant les conditions prévues par la loi 41-05, relative aux organismes de placement en capital-risque. Or, c'est justement là ou le bât blesse! «La loi 41-05 contient un certain nombre de contraintes qui brident le développement des OPCR au Maroc», argue dans ce sens Choukry Ouamdina, président de l'Association marocaine des investisseurs en capital risque (AMIC). Les contraintes de cette loi sont en fait d'ordre multiple. La première d'entre elles a trait à la définition même de la PME. En effet, si l'on se réfère à la définition donnée par la charte des PME, on se retrouve face une restriction du champ d'action des OPCR aux petites PME. Ce n'est pas forcément du goût des spécialistes du capital risque, qui s'intéressent aux PME dans leur globalité. Plus encore, ces derniers mettent en avant le besoin chez certaines PME d'assez grande taille d'un accompagnement et d'une assistance technique et financière. Indéfinissable PME Il convient à ce propos de signaler que ce mode de financement est très peu utilisé lors de la création d'entreprises, mais le plus souvent pour des entreprises qui sont déjà sur les rails. Il s'agit en fait d'un investissement en portefeuille dans les PME. Le rendement a donc son importance. C'est un critère que ne peuvent logiquement pas mettre en avant des structures embryonnaires. Si l'on rajoute à cela les incitations fiscales jugées «pour le moins insuffisantes par les spécialistes», on comprend mieux pourquoi les fonds étaient jusqu'ici frileux à former leur OPCR. Est-ce à dire qu'avec la création de ce premier OPCR, la situation a fondamentalement changé ? Rien de moins sûr, même si pour l'AMIC, la dernière circulaire du ministère est venue éclaircir quelque peu l'horizon. Il reste tout de même beaucoup de pistes d'amélioration, notamment en ce qui concerne la règle de l'affectation minimale pour bénéficier de l'exonération d'IS. Toujours est-il que la première SCR marocaine est désormais sur pied et a pour stratégie de prendre des participations minoritaires ou majoritaires dans trois types de sociétés, tout en équilibrant entre stade de développement et secteur d'investissement. Ainsi, pour le capital risque, il s'agira pour EF Invest d'investir dans des sociétés de production d'énergie d'origine éolienne et solaire. Pour le capital développement, l'investissement portera sur les entreprises industrielles spécialisées dans les technologies vertes «greentech», ainsi que dans les entreprise agro-industrielles. Enfin, en ce qui concerne le capital transmission, l'investissement portera exclusivement sur les entreprises agro industrielles. En attendant, les premières opérations, nul doute qu'EF Invest permettra, à terme, de donner un retour d'expérience qui échaudera ou alimentera les velléités d'autres fonds.