La saison culturelle déroule sa traîne musicale en s'ouvrant sur la 7e édition du festival des Andaloussies atlantiques d'Essaouira, du 28 au 31 octobre prochain. Une édition brodée d'émotions et de spiritualité, perlée de poésie et tissée de cette musique qui a traversé les âges et les pays, le «matrouz». C'est ce fil musical auquel le festival fera honneur, cette année. Au cœur des inspirations andalouses, le matrouz judéo-arabe et maroco-espagnol accompagnera ainsi, au cœur de la cité des Alizées, les sonorités du mellhoun ainsi que les frasques lyriques du flamenco. Le matrouz n'a pas de Prix, sauf si... Partant de la grande scène de Bab El Menzeh, la musique flânera le long des allées, se laissant porter par le vent de l'Atlantique pour se réfugier sous la coupole de la fameuse Dar Souiri. Siège de la culture à Essaouira, il se transformera en lieu de méditation le temps d'un concert. «À Essaouira, nous avons l'ambition de ne jamais faire dans le conventionnel et faisons tout pour ne pas tomber dans la médiocrité». C'est en ces termes qu'André Azoulay, président et fondateur de l'Association Essaouira Mogador résume la particularité de cette nouvelle édition des Andaloussies atlantiques. Une édition d'un festival qui gagne en maturité au fil des années, mais souffre toutefois ne pas gagner en moyens au même rythme qu'il a grandi aux yeux (et dans les oreilles) des mélomanes. «Cette année, nous espérons réunir un budget global de 2 à 2,5 millions de DH», avance le conseiller du Roi. Tout juste ce qu'il faut pour pouvoir accueillir les 150 musiciens et chanteurs attendus des quatre coins du globe. Les organisateurs n'auront d'ailleurs de cesse de le répéter. Essaouira, cette plateforme des cultures universelles, ce carrefour des musiques du monde, manque cruellement de moyens et d'infrastructures pour les 6 à 7 festivals qu'elle accueille annuellement. Et pourtant, le temps d'un morceau, qu'il soit de melhoun, de musique classique, de gnaoua ou même de fusion, cette petite cité balnéaire a le don de laisser les politiciens sans voix. Pour André Azoulay, c'est ici que se passe l'interculturalité. «Les artistes réussissent à faire ce que les politiques n'arrivent pas à réaliser malgré leur discours». Selon lui, c'est dans ces moments là que «la politique s'écrit en majuscules». De ce fait, ce ne sont pas le manque de moyens financiers qui freinera pour autant les ambitions des porteurs de ce projet de cœur. C'est pourquoi, cette année, le festival met en place un Prix spécial : Le Prix matrouz. «C'est un récompense qui sera pérenne» souligne Azoulay, dont l'objectif est de rendre hommage et de faire connaître ces maîtres de cette musique qui «répare les âmes», comme la décrit la chanteuse franco-algérienne, Françoise Altan.