CDG se désengagerait-elle de Sofac et de Maroc Leasing ? Alors que toute l'attention de la communauté boursière était tournée vers les publications financières, le communiqué de la Bourse de Casablanca annonçant la suspension des valeurs BCP, CIH, Maroc Leasing et Sofac a pris à contre pied l'ensemble du marché. Et pour cause, l'implication dans cette suspension de quatre valeurs laisse présager qu'un méga-deal capitalistique devrait incessamment être annoncé. De sources concordantes, on apprend que le conseil d'administration de CIH, qui à l'heure où nous mettions sous presse, se tenait en même temps que celui de la BCP, devrait en valider le schéma définitif. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cette opération ne concernerait pas BCP et CDG comme cela a été le cas dans le cadre de la fusion Maroc Leasing/Chaâbi Leasing, du moins pas pour tout de suite. En effet, des sources bancaires nous affirment que la suspension de la valeur BCP n'est pas directement liée à celles des trois autres valeurs et qu'elle est due tout simplement à la finalisation de la fusion de l'établissement avec les banques populaires régionales. Ce projet est en effet dans le pipe depuis plusieurs mois et n'a été que récemment approuvé par les autorités gouvernementales. Contacté par Les Echos quotidien, le management de la BCP se refusait à confirmer ou infirmer l'information, le conseil d'administration étant toujours en cours. Par ailleurs, et c'est ce qui a le plus emballé les salles des marchés jeudi, la suspension de Sofac, Maroc Leasing et CIH est annonciatrice d'une grosse opération stratégique. Les trois valeurs ont un point en commun, la présence de la Caisse de depôt et de gestion (CDG) dans le tour de table. Les premières indiscrétions parlent de deux scénarios. Le premier concerne la validation par le conseil d'administration de CIH d'une reprise des parts détenues jusque-là par la CDG dans ses filiales Sofac et Maroc Leasing. Cette hypothèse tient son fondement du plan stratégique concocté par Ahmed Rahhou après sa nomination à la tête du CIH. En effet, l'une des principales orientations de la banque à l'horizon 2015 concerne la diversification des activités afin de transformer le CIH en banque universelle. Pour ce faire, l'acquisition de nouvelles filiales spécialisées dans certains métiers bancaires, tels que le leasing et le crédit à la consommation, devient une priorité. D'autant plus que la création de filiales spécialisées paraît aujourd'hui une solution peu opportune en raison des délais que cela devrait nécessiter. Cette version est d'autant plus confortée par une récente sortie médiatique d'Anas Alami dans laquelle il insiste sur la priorité de donner une logique d'ensemble à toutes les participations de la CDG, que ce soit dans les secteurs de l'assurance, la banque, le crédit à la consommation, le leasing et la banque d'affaires. Pour les filiales cotées, cette stratégie rime parfaitement avec une centralisation des participations de CDG dans Sofac et Maroc Leasing au sein du CIH. Une seconde hypothèse a également circulé dans le marché et concerne une cession par la CDG de ses parts dans Sofac et Maroc Leasing via un échange des titres CIH codétenus avec d'autres actionnaires. La Caisse de dépôt et de gestion souhaiterait en effet se renforcer dans CIH au détriment des deux filiales. Cette version implique que le deal se ferait avec l'un des détenteurs de titres CIH, et donc un actionnaire de la banque. Or, le tour de table du CIH est constitué de Massira Capital Management (67,88%), détenu conjointement par CDG et le français Caisse d'épargne, le groupe FinanceCom (4,31%), RCAR (3,69%), et le groupe Holmarcom via Atlanta (3,32%) et Sanad (2,66 %). Le flottant en Bourse ne dépasse pas de son côté 18,14%. Aucun de ces actionnaires de référence ne détient assez de titres CIH qui pourraient être échangés pour les parts de CDG dans les deux sociétés de financement, mis à part la Caisse d'Epargne. Cela dit, il est très peu probable que ce dernier soit réellement intéressé par une reprise des deux filiales de CDG, du moins plusieurs intervenants de marchés ont rejeté cette hypothèse. D'autant plus que des sources affirment qu'il est tenu, de par un pacte d'actionnaire signé avec la CDG au moment de la création de Massira Capital Management, de suivre toute montée dans le capital que réaliserait le bras financier de l'Etat. Ce qui est encore moins plausible puisque la Caisse d'Epargne deviendrait à la fois cédant et acquéreur. C'est dire que la centralisation des activités financières de CDG au sein du CIH reste le scénario le plus cohérent. Quoi qu'il en soit, au vu de l'ampleur qu'ont prise ces quatre suspensions, le top management de CIH s'est empressé d'annoncer la publication incessante d'un communiqué de presse officiel qui devrait apporter tous les éclaircissements nécessaires. Une affaire qui promet des rebondissements.