Les expressions artistiques marocaines ne semblent plus connaître de limites territoriales. Après les Etats-Unis, l'Espagne et d'autres pays européens, les tentacules du L'Boulevard festival ont atteint la confédération helvétique. Il y a à peine quelques années, Hoba Hoba Spirit s'y était produit à l'occasion d'une tournée européenne. Récemment, c'est plus qu'un simple concert qui a fait résonner le silence du pays avec le festival La Bâtie. Bienvenue en Suisse Graffitis, musique, djing et projections ont reflété, le week-end dernier, un Maroc ultra-urbain. En effet, samedi, au cinéma Spoutnik à Genève, un documentaire réalisé par USF Prod (collectif genevois) a mis en avant l'histoire du festival L'Boulevard et son évolution au fil de ses onze années d'existence. S'en est suivi une table ronde qui a réuni les organisateurs du festival, Momo et Hicham Bahou, les artistes marocains qui ont fait le voyage avec des professionnels suisses de la musique et d'autres artistes locaux. L'objectif était de cerner les particularités et les enjeux de la scène culturelle marocaine mais aussi de partager des idées et des constats sur des préoccupations communes aux milieux genevois et marocains. «Notre initiative est née du désir de partager l'aventure vécue lors des précédentes éditions du festival depuis 2006, auxquelles ont participé certains membres de l'association Mozaïk», laisse-t-on entendre du côté de l'organisation. Au-delà d'un lien amical, c'est une mise à jour pour le côté genevois, en mettant en avant une scène marocaine bouillonnante dont l'expression artistique se situe au-delà du Raï, de la musique arabo-andalouse, du gnawa et d'autres styles traditionnels souvent ancrés en Europe. Musique, graphisme et rencontres Le soir du samedi 11 septembre, l'heure était au jazz, rap et fusion Punk avec la participation des très singuliers Haoussa et leur Punk-attitude à la Issawa, qui ont devancé une prestation du duo Mobydick (Younes Taleb de Rabat) et de Drioxy (jazzman suisse). Mobydick et Drioxy avaient travaillé de concert pour donner naissance à une création balade entre leurs deux univers et où les instruments dialoguent tout en poussant les limites de leurs univers. C'est tout un folklore instrumental et une exposition de Malek Rafi qui a habillé les cimaises du Moloko Bar qui ont eu lieu du 6 au 11 septembre dernier. Graphiste designer et illustrateur, lauréat de l'école des Beaux-arts de Casablanca, Malek Rafi alias Molkov est également musicien, bassiste et bédéiste du collectif créatif du L'Boulevard. Il a participé en 2003 en qualité d'assistant à l'intervention «photos, peintures aux abattoirs de Casablanca» de Georges Rousse. Le travail de Molokov est définitivement urbain et anti-conventionnel, tant dans le choix des matériaux, de la technique, que des supports d'exposition utilisés.