La réception par le Roi, samedi dernier, du gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM) a été l'occasion de revenir sur les principales orientations stratégiques de la banque centrale. En effet, BAM a entamé en 2010 un nouveau plan triennal couvrant la stratégie de la période 2010-2012. Outre l'incitation des banques à la transparence envers leur clientèle, notamment dans le cadre des conditions tarifaires appliquées, Abdellatif Jouahri a souligné devant le Souverain que la Banque centrale devrait, courant 2010, mettre en place un indice des prix des services bancaires. «Ces actions seront accompagnées par des programmes d'éducation financière et par la création de conditions favorables pour le développement de produits novateurs», a indiqué Jouahri. Pour ce faire, Bank Al-Maghrib prévoit de capitaliser sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Concernant la politique monétaire, la stabilité des prix à moyen terme, essentielle pour accélérer le rythme de croissance économique et préserver le niveau de vie de la population, demeure la principale priorité de BAM. Ainsi, de l'avis même de l'équipe de Jouahri, la poursuite des efforts devrait nécessiter une adaptation continue des cadres stratégique, analytique et opérationnel de la politique monétaire. La banque centrale donnera donc la priorité à la refonte du système de change sur la période 2010-2012. Dans ce sens, une réflexion approfondie sur la nature du régime de change adéquat et le développement d'instruments d'analyse capables de prendre en considération l'influence du taux de change sur les canaux de transmission de la politique monétaire devra être à l'ordre du jour. Parallèlement, BAM accompagnera sa démarche par le développement et le monitoring du marché des changes, dans un contexte de mouvements croissants des flux de capitaux, ainsi que la mise en place d'outils d'intervention cohérents. Renforcement de la supervision bancaire Par ailleurs, «sur le plan de la supervision bancaire, les enseignements tirés de la crise financière et le développement des risques à caractère systémique imposent de se doter d'un cadre de supervision bancaire plus robuste, qui doit s'inscrire dans une vision plus large de stabilité financière», ajoute-t-on à Bank Al-Maghrib. À cet effet, Jouahri et son team devront répartir leurs efforts en deux volets. Le premier concernera l'environnement micro-prudentiel, avec notamment l'adaptation du cadre réglementaire aux évolutions des pratiques sur le plan international, ainsi que le renforcement réglementaire de la gouvernance bancaire, l'ancrage de la culture du risque et l'amélioration de la qualité des reportings internes et externes des établissements de crédit. Aussi, devrait-on voir BAM renforcer sa mission de régulation des sociétés de crédit à la consommation et des associations de micro-crédit. Aussi, la mise en place de la centrale des risques constitue un premier pas pour la banque centrale, dans le cadre de la mise à disposition des établissements bancaires d'outils d'analyse des risques. Dans le même sens, BAM prévoit que les trois années à venir devraient étre focalisées sur le renforcement de l'infrastructure de partage de l'information par la mutualisation de données autour des moyens de paiement et le développement de services à valeur ajoutée permettant la création d'instruments d'aide à la décision performants dans l'analyse des risques. Parallèlement, Bank Al-Maghrib axera sa stratégie triennale sur le rehaussement du niveau de surveillance des implantations des banques à l'étranger. Le second volet de la stratégie de BAM en termes de supervision concerne les facteurs macro-prudentiels. À ce niveau, l'institution d'émission prévoit le renforcement des mécanismes de coordination entre les autorités de régulation et la convergence de leurs pratiques vers les meilleurs standards. Aussi, est-il question de mettre en place des dispositifs de surveillance macroprudentielle et de gestion des risques systémiques. «L'autre chantier majeur de la décennie à venir est celui de la poursuite de la mise en oeuvre de la stratégie de développement intégré du secteur financier», ajoute-t-on auprès de BAM. Cette dernière devrait en effet appuyer les stratégies Low Income Banking et le développement des produits alternatifs, tout en favorisant l'élargissement de l'éventail des instruments et services de paiement novateurs. La Banque centrale s'engage également à adopter une stratégie de proximité envers les MRE, face à la concurrence des pays d'accueil, en adoptant une démarche innovante quant à l'offre de produits financiers en vue de canaliser les flux de capitaux vers les investissements en faveur des régions à fort taux d'émigration. Enfin, la Banque devra continuer à oeuvrer avec ses partenaires pour l'attractivité de la place financière de Casablanca et à construire un maillage Sud Nord régional, pour positionner le Maroc comme un pôle régional multi-métiers reliant l'Afrique et l'Europe.