* Refonte des cadres stratégique et opérationnel de la politique monétaire. * Solidité du système bancaire : passage définitif aux normes Bâle II dès juin 2007 et aux normes comptables IFRS dès 2008. * Instauration d'une procédure de médiation pour une meilleure relation Banque/Client. Il est passé pratiquement une bonne année depuis la refonte des statuts de Bank Al-Maghrib. Des statuts qui ont conféré à l'Institut d'émission plus d'autonomie et ont clarifié ses missions et renforcé ses attributions dans les domaines de la politique monétaire, des systèmes de paiement et de la supervision bancaire. C'est ainsi que Abdellatif Jouahri, Gouverneur de BAM, a réuni la presse nationale mardi dernier au siège de la banque à Rabat, pour faire la lumière sur les diverses actions menées en ce sens. Des actions multiples qui ont touché, somme toute, à tous les domaines d'intervention de la banque dans le cadre de ses diverses missions, dont la principale reste incontestablement, indique Jouahri, la lutte contre l'inflation et la sauvegarde de la stabilité des prix. C'est d'ailleurs, commente-t-il, le plus beau cadeau qu'une banque centrale peut offrir à une économie. Ainsi, pour mener à bien cette mission que le nouveau statut de BAM met au centre de ses préoccupations, la banque a procédé à une refonte des cadres stratégique et opérationnel de la politique monétaire. Basée jusque-là sur le suivi des agrégats monétaires et des indices de prix, la banque, après avoir mis l'accent sur le suivi d'une norme monétaire fixée au début de 2006, a adopté à en fin d'année une nouvelle stratégie de politique monétaire fondée sur une approche «multicritères». La banque se propose ainsi de fonder son analyse, en plus des indicateurs d'usage (masse monétaire et indice des prix), sur une gamme diversifiée d'indicateurs. En cela, «un cadre de diagnostic des risques inflationnistes a été établi sur la base d'une analyse formalisée intégrant un large éventail d'indicateurs relatifs aussi bien à la sphère financière (monnaie, crédit, taux d'intérêt et des marchés des capitaux ) qu'à la sphère réelle (production, demande, prix et coûts de production, marché de l'emploi )», explique Jouahri. Un dispositif étoffé, commente-t-il, qui renseigne à la fois sur les conditions monétaires et financières qui caractérisent la conjoncture économique à un moment donné et sur les effets qu'elles peuvent exercer sur la demande globale et, partant, sur les prix, et qui permet dans le cadre de l'analyse de la sphère réelle de déceler les facteurs d'inflation liés à un excès de demande par rapport à l'offre ou à des tensions sur les facteurs de production, notamment le travail. Aussi tend-on, compte tenu de l'ouverture de notre économie, vers une stratégie basée sur le «ciblage de l'inflation». Une stratégie qui requiert, selon le Gouverneur de BAM, des préalables, notamment un cadre économique viable, une situation saine des finances publiques, un système bancaire solide et un régime de change plus flexible. C'est justement sur ce sujet (le ciblage de l'inflation) que s'articulera un séminaire régional qu'organisera BAM le mois prochain (4 avril), en collaboration avec le FMI et avec la participation des pays de la zone MENA. Modernisation du système bancaire En complémentarité avec l'objectif cardinal de maintien de la stabilité des prix, BAM veille également à la solidité et à la stabilité du système bancaire. Sur ce point, des avancées importantes ont été réalisées, notamment en matière de restructuration du pôle bancaire public, l'adoption des normes internationales en vigueur en matière de réglementation et de comptabilité et, enfin, l'amélioration de la relation avec la clientèle. En cela, des progrès importants ont été réalisés en 2006 dans le processus d'assainissement du CIH, ayant retrouvé une situation normale avec une stratégie adaptée et des actionnaires de référence, et du Crédit Agricole qui, engagé sur un plan de restructuration, a enregistré à ce jour des avancées importantes. À noter également la baisse significative des créances en souffrance du secteur qui se sont établies à près de 11% à fin 2006. Une performance que Jouahri explique par l'opération du toilettage des comptes conduite en 2005 et par le recouvrement de crédits importants, mais aussi du fait du développement rapide des crédits ces dernières années. En ce sens, la mise en place des dispositions de l'accord de Bâle II viendra renforcer davantage la stabilité du système bancaire. Jouahri a rappelé à cet égard que le premier reporting sur cette base devrait se faire à partir de juin 2007. Une date qui marquera, selon lui, le passage définitif aux normes de Bâle II. Aussi, le secteur bancaire sera doté, à partir de l'année 2008, d'un cadre de comptabilité et d'information financière conforme aux normes IFRS. Un chantier structurant à même de renforcer la transparence financière des banques et de répondre aux exigences de leurs partenaires internationaux. BAM s'est investie également ces dernières années, rappelle Jouahri, dans l'amélioration des relations banques/clients en vue notamment d'augmenter le taux de bancarisation et de favoriser le développement des services bancaires. Les actions entreprises par BAM ont concerné essentiellement l'amélioration de la transparence dans l'application des conditions bancaires et l'instauration d'un mécanisme de médiation bancaire. C'est dans ce sens que les banques se sont engagées à assurer la gratuité à certains services de base et à modérer la tarification d'autres opérations ainsi que la réduction des délais de recouvrement et des dates de valeur. Aussi, il est à rappeler que les banques sont obligées de mettre à la disposition de leur clientèle les tarifs et conditions qu'elles appliquent à l'ensemble de leurs opérations. Par ailleurs, il a été décidé l'instauration d'une procédure de médiation bancaire à même de régler les litiges entre les banques et leurs clients. L'objectif recherché, explique Jouahri, étant de permettre la résolution des litiges qui opposent les deux parties sans recourir à la procédure judiciaire qui se révèle longue et coûteuse.