Fait notable: durant l'exercice 2010, la Banque centrale a franchi un grand pas en avant. Cet exercice, marquant la première année du plan triennal de la stratégie BAM, s'impose en effet comme l'un des plus importants, puisqu'il donne le ton de ce que sera la nouvelle ère de la Banque centrale. Dans ce sens, Abdellatif Jouahri ne manque pas de faire le point sur l'état d'avancement de cette refonte stratégique, dans le rapport présenté en début de semaine au souverain. D'abord, l'équipe Jouahri a entamé la mutation de la politique monétaire, dans le but d'en faire un instrument permettant l'intégration du Maroc dans l'économie mondiale. Pour l'heure, le processus engagé par la Banque centrale a concerné dans un premier temps la réforme du cadre opérationnel de la politique monétaire, avec notamment sa mise en œuvre depuis avril dernier. «L'effort entrepris au niveau de la politique monétaire s'inscrit dans le cadre d'un processus permanent, visant à améliorer le cadre analytique de la politique monétaire», explique la Banque centrale. Ensuite, intervient l'entame de la réflexion sur le degré de préparation du Maroc à une ouverture plus avancée du compte capital, ainsi que la contribution à l'élaboration du cadre institutionnel du projet de loi relatif à la création d'un marché à terme, lequel est semble-t-il entré dans la dernière phase, avant sa concrétisation. En matière de gouvernance, la première étape du plan stratégique 2010-2012 a concerné l'Intensification des efforts de sensibilisation en matière d'éthique et de culture risque. L'équipe Jouahri a dû s'atteler de près à un alignement du référentiel comptable de la Banque centrale sur les meilleures pratiques en la matière et au développement du volet communicationnel aussi bien en interne qu'en externe, en plus d'un renforcement du dispositif de la sécurité de l'information. Parallèlement, le volet de la supervision bancaire et du développement d'une stabilité financière n'a pas été en reste. Véritable épine dorsale de l'activité de la Banque centrale, ce volet a vu la concrétisation jusque là du parachèvement d'une grande partie de la transposition au secteur bancaire des dispositions de Bâle II. À ce titre, il convient de souligner que les modalités de calcul des exigences en fonds propres au titre du risque de marché ont été alignées sur l'approche de modèles internes préconisés par l'accord de Bâle II, ainsi que sur les nouvelles dispositions prévues par le document publié par le Comité de Bâle en juin 2009. Il en est de même pour le risque opérationnel, où les établissements de crédit ont désormais la possibilité, sous l'autorisation de Bank Al-Maghrib, d'utiliser une approche par mesure avancée, basée sur des modèles internes. «Cette approche est soumise à des exigences qualitatives ayant trait à des critères généraux, à l'organisation des processus de contrôle et à la notification des risques et à des exigences quantitatives, ayant trait à la modélisation du risque», peut-on lire dans le rapport présenté au roi. Tout en adhérant à la nouvelle réforme initiée à l'échelle internationale (Bâle III) et visant le renforcement de la qualité des fonds propres et l'affermissement de la surveillance de la liquidité, la Banque centrale a procédé à des travaux préliminaires pour évaluer l'impact des nouvelles normes sur le secteur bancaire. Dans le cadre de la supervision bancaire, la Banque centrale se félicite également des avancées réalisées au niveau des projets de révision du cadre institutionnel de l'établissement, ainsi que de la refonte de la loi bancaire. À ce titre, comme rapporté dans notre édition du 19 septembre, des sources proches du dossier nous ont confirmé la finalisation du nouveau projet de loi bancaire, lequel a été soumis pour consultation au ministère des Finances. Parmi les grands apports du projet, il y a celui d'assurer la stabilité financière du système bancaire, tout en dotant la Banque centrale de davantage d'indépendance par rapport au politique. Cela étant, le chantier qui paraît aujourd'hui le plus avancé dans le cadre de la stratégie triennale de BAM est bel et bien celui du développement de nouveaux services financiers. À ce niveau, la Banque centrale précise que ses actions ont concerné jusque là la mise en place des indicateurs de suivi des impacts des stratégies Low Income banking. Cela s'est traduit en effet par l'introduction de reportings semestriels portant sur le nombre de comptes à mettre en place, et le lancement du projet d'automatisation du suivi de l'implantation bancaire. Dans le même temps, assurer un équilibre dans la relation entre les banques et leurs clients a également fait objet de mesures réglementaires.