La conjoncture économique s'améliore. De 2010, qui a déjoué les pronostics en faisant mieux que ne le laissaient prévoir ses timides débuts à 2012, où il restera favorable sauf imprévu, en passant par 2011, qui promet de conforter les acquis, le climat des affaires devrait rester propice. Le dernier rapport de BAM a officiellement réhabilité l'exercice 2010, lorsqu'il a affirmé que cette année n'a pas connu la baisse de régime que ses débuts annonçaient. Le gouverneur Jouahri l'a encore répété mardi au cours de la conférence de presse qu'il tient habituellement au lendemain de la présentation du document au Roi. «Grâce à la vigueur de la demande intérieure et à la reprise de la demande extérieure, l'économie a enregistré de meilleurs résultats qu'il était prévu, notamment au niveau du taux de croissance et des réserves de change», a-t-il affirmé. La performance est d'autant plus remarquable qu'elle est due pour une bonne part aux activités non agricoles et qu'elle s'est accompagnée d'une réduction du déficit du compte courant, qui marque le niveau des réserves de change. Autre résultat à mettre au crédit de 2010 : l'inflation n'y a pas dépassé 0,9% malgré l'aggravation des dépenses du Budget -dans son volet fonctionnement- et la hausse des matières premières à l'international. Au vu de tous ces résultats, la banque centrale a multiplié ses actions d'étayage. C'est ainsi qu'elle «a aligné les règles prudentielles régissant le secteur bancaire sur les meilleurs standards internationaux, tout en continuant à développer la politique monétaire, à renforcer la stratégie d'inclusion financière et surtout à améliorer les relations entre les établissements de crédit et leur clientèle», a développé M. Jouahri. Bank Al-Maghrib a également conseillé d'améliorer l'efficacité publique en définissant des stratégies et mécanismes de gouvernance basés sur la cohérence et l'évaluation de l'impact des coûts. Le gouverneur de BAM a également expliqué la situation économique et financière actuelle et les perspectives qui s'offrent au premier trimestre de l'année prochaine, telles que les voit le conseil de la banque. Ainsi, note Abdellatif Jouahri, l'année qui a modestement commencé est assurée d'un taux de croissance moyen en non agricole se situant entre 4,5 et 5,5%. Considérant les difficultés de conjonctures à l'international, ce sera là une performance digne d'intérêt, a-t-il estimé. De fait, ce niveau de croissance est d'autant plus remarquable que limité aux activités non agricoles, il ne tient donc pas compte de la bonne performance des produits de la terre. Sachant que la production céréalière a avoisiné les 84 millions de quintaux – l'une des meilleures performances de la décennie, 2011 sera sans doute l'un des grands millésimes s'agissant de la progression du PIB. Cependant, l'exercice en cours d'achèvement n'est pas exempt d'insuffisances. M. Jouahri a ainsi pointé du doigt la propension à laisser filer les allocations à la Caisse de compensation, actuellement de l'ordre de 45 milliards de dirhams et participant en grande partie au creusement du déficit budgétaire évalué à 3% du PIB. Le gouverneur de BAM a ainsi annoncé l'intention du gouvernement de ramener ce chiffre à 24 milliards de dirhams en 2012. Un objectif qu'il estime réalisable, du fait de la baisse des prix des matières premières et des hydrocarbures. Le rapport trimestriel du conseil note par ailleurs que l'inflation a tendance à déborder en annuel du cadre normal des 2%; principalement à cause des fluctuations ponctuelles des prix des produits alimentaires. Qualifiés de produits volatils parce qu'ils flambent régulièrement en saison pluvieuse ou pendant le Ramadan, ils sont en passe de s'installer dans la hausse. De plus, les prix à la production industrielle ont augmenté en glissement annuel de 14,5%, «mais la demande n'engendrera pas de pressions inflationnistes autres que celles qui existent déjà», a promis M. Jouahri, «non plus que l'évolution monétaire n'engendrera pas d'effet sur les prix», a-t-il ajouté. Selon lui, l'analyse de la monnaie montre que le crédit bancaire se situera à un niveau légèrement supérieur à 8%, soit un seuil voisin de son taux à long terme. En conclusion, pour que ces différents indicateurs restent compatibles avec une «prévision centrale durablement en ligne avec l'objectif de stabilité des prix et une orientation à la baisse de la balance des risques, le conseil a décidé de maintenir le taux directeur à 3,25%», a déclaré le gouverneur de la banque centrale. Néanmoins, BAM a renforcé les règles prudentielles opposables aux banques commerciales, lesquelles sont désormais tenues de mettre en pratique l'ensemble des dispositions des accords de Bâle II. De l'application de ces différentes mesures, M. Jouahri espère particulièrement la résorption du chômage -notamment celui des jeunes- stagnant à 9,1%.