L'année 2011 a été marquée par une forte propension à l'attentisme de la part des investisseurs. Cela n'a pas manqué de se traduire au niveau du capital investissement. L'Association marocaine des investisseurs en capital qui tenait hier une conférence de presse pour restituer les résultats de l'étude statistique 2011, sur le capital investissement au Maroc, menée par le cabinet Fidaroc Grant Thornton, a étayé de ses chiffres ce constat. Ainsi, les investissements de 2011 représentent 344 MDH en recul par rapport à l'année 2010 où les investissements s'étaient fixés à 665 MDH. Même constat du côté des montants réinvestis, qui se fixent à 35 MDH, là où ils étaient de 80 MDH en 2010. Toutefois, l'AMIC relève le caractère exceptionnel de l'année 2010, et relativise dans ce sens le recul enregistré en 2011. Toujours est-il que le capital investissement vient peu ou prou de boucler sa première décennie de présence effective au Maroc, et ceci même si la création des premiers fonds remonte aux années 1990. Saut quantitatif et qualitatif «Sur 11 ans, nous avons investi dans 135 entreprises. C'est plus que le nombre d'entreprises présentes à la bourse de Casablanca», avance un membre de l'Association marocaine des investisseurs en capital, pour signifier l'ampleur qu'a pris cette activité. Toutefois, nous sommes tentés de parler de période d'apprentissage tant le potentiel de développement reste important. En tout cas, il convient de différencier deux grandes phases dans l'histoire récente du capital investissement au Maroc. La première qui couvre la période 2000-2005 peut être assimilée à une phase de lancement et d'apprentissage. Ce n'est qu'à partir de 2006 que l'on peut noter un saut tant qualitatif que quantitatif. En attestent, la progression significative des montants levés, mais aussi la diversification des formes juridiques, et la localisation géographique des fonds, ou encore des secteurs d'activité concernés. Toujours est-il qu'à fin 2011, le total des fonds levés s'élève à près de 8 MMDH. Un montant colossal certes, mais qui doit être nuancé par rapport aux montants investis, 3,3 MMDH, et surtout du caractère cyclique de l'activité. Plus encore, on note sur la seconde période une forte progression des transactions de grande envergure et notamment celles qui dépassent les 50 MDH. Les prises de participation majoritaires ont aussi progressé de manière notable sous l'effet de la prépondérance des transactions qui concernent le capital transmission. L'amorçage sous représenté D'ailleurs, il faut aussi noter la diversification des stades de développement des entreprises investies. Ainsi, alors que la première période ne concernait que le capital développement, le capital transmission et dans une moindre mesure le capital risque, la deuxième phase a connu l'introduction du capital retournement et du capital amorçage. Cette dernière catégorie reste sous représentée bien que l'Etat ait mis en place des fonds en faveur de l'innovation. En termes de perspectives, «Le stock ne dépassant pas les 3 MMDH, cela devrait justifier des levées de fonds en 2012 et 2013», pronostique-t-on du côté de l'AMIC. D'ailleurs, les sociétés de gestion sondées affichent clairement leur intention de lever des fonds durant les deux prochaines années. Seules 18% d'entre elles n'ont pas encore planifié des levées de fonds sur cette période. Cela éclaircit les perspectives de cette activité dans les prochaines années d'autant que l'évolution vers un développement régional fera progresser les montants de manière significative. En attendant, les fonds commencent à cueillir le fruit de leurs efforts en réussissant leurs sorties par la voie «royale». Ce fut le cas notamment avec les deux dernières introductions qu'a connues la bourse de Casablanca, Jet Alu et S2M... Impact économique et social Comme pour toute activité d'investissement privé, le rendement reste le principal objectif du capital investissement. Toutefois, au-delà du taux de rendement réalisé, le capital investissement a des retombées d'une toute autre nature. «L'impact sur la gouvernance est très élevé puisque la quasi-totalité des entreprises investies sont à des niveaux proches de 100%», avance l'AMIC. Cela est principalement dû au fait que les fonds d'investissement ont des exigences très strictes en la matière. Cet impact se fait aussi ressentir au niveau de la responsabilité sociale des entreprises ou encore au niveau de la progression de leur chiffre d'affaires. In fine, ce sont des arguments que l'AMIC peut avancer pour lobbyer en faveur de l'amélioration du cadre juridique et fiscal, dans le but d'améliorer les conditions d'exercice, et d'aider le tissu économique national à se développer.