Elles sont intégralement vêtues de noir, et l'on voit uniquement leurs yeux. Leur tête flotte au milieu d'un corps bien gras, rond et qui fait son propre complexe parce qu'elles sont ados. Pour les plus funny ! D'autres parmi elles s'interrogeront sur ces questions taboues qui reviennent souvent et qui laissent perplexes notamment les parents : sexe, enfant naturel...Et les gribouillages sont nombreux entre «L'illuminée», «Liberty, Equality, Stupidity», «Dati & Co», «La Burqa d'or» et «Proposition Indécente». Les sujets et les distinctions aussi sérieuses qu'elles le semblent ne dépassent pas le monde, a priori ludique des poupées de Hanounia Baba. La grande majorité des poupées sont des jouets pour enfants, habituellement des filles. Certaines sont purement décoratives ou ont une signification culturelle, parfois liée à des cérémonies ou des rituels et représentent plus rarement une divinité. Née en France , Hanounia Baba (Hanane de son vrai prénom), 30 ans, décide de s'installer au Maroc, il y a déjà trois ans, une période pendant laquelle elle développe les Mounikettes (poupées en darija). « Ce sont des dessins de petits bouts de femmes marocaines et arabo-musulmanes qui décryptent l'actualité au Maroc et dans le monde. À leur manière, leurs couleurs, avec audace et humour», déclare Baba. Non pas sans frôler le ridicule ou les ancrages sociaux ! Les Mounikettes évoquent tant bien que mal la place de la femme dans la société, l'injustice, le port du voile et de la burqa ou encore la Palestine. Les Mounikettes de Baba assistent à leurs derniers jours à la galerie Bab Rouah à Rabat où une exposition collective leur a réservé une place depuis le 9 juillet dernier, la même exposition qui consacrait le festival international de la BD de Tétouan présentée à Rabat. Après le 9 août, longue ou moyenne vie est escomptée à ces poupées par leur bienfaiteur qui est, actuellement, à la recherche d'un éditeur pour partager l'aventure ludique de ces créatures.