Depuis des années, le marché boursier marocain est considéré comme le plus cher de tous les pays émergents. L'analyse des niveaux historiques des PER (Price earning ratio, cours boursiers rapportés aux bénéfices par actions) et P/B (price to book, valeur de marché des fonds propres des sociétés cotées rapportée à leur valeur comptable), estimé à fin 2010 à 22,5 et 4,2, conforte de loin ce constat. Bien que, théoriquement, le niveau élevé du PER laisse présager une correction du marché, cette dernière n'a encore pas eu lieu. La cherté de la place Casablancaise trouve son explication, d'après Attijari Intermédiation, dans «le manque d'opportunité d'arbitrage au niveau national mais aussi dans la capacité limitée des institutionnels à investir à l'étranger, plafonnée par la réglementation à 10% du montant de leur actif». Cette situation pousse les institutionnels a exercer une pression importante sur la place, tirant ainsi les cours à la hausse, majoré à un poids très important dans la structure du marché boursier qui s'élève à 63%. Un marché déconnecté à l'international Ces cours constituent un rempart face à une éventuelle correction du marché. «Ce facteur de soutien des niveaux de cours est donc structurel pour le Maroc», précisent les analystes d'Attijari Intermédiation. Par conséquent, «la correction ne sera envisageable que si les institutionnels ont la possibilité de faire des arbitrages avec d'autres pays émergents, ce qui est loin d'être le cas à moyen terme», poursuivent-ils. Autre constat, mais cette fois en faveur du marché marocain, est sa déconnection des marchés, à l'international. Ce qui lui vaut le qualificatif de «marché défensif», tel le marché américain. Un marché défensif est souvent caractérisé par une volatilité plus basse que celle des marchés internationaux, une moindre sensibilité que les autres marchés à la conjoncture et une meilleure rentabilité. En effet, lorsque le MSCI (indice global de tous les marchés du monde) chutait de 66% sur la période octobre 2007-octobre 2008, le MSCI Maroc n'a baissé que de 19% sur la même période. Le seul bémol est que ce détachement par rapport au monde peut aussi être pénalisant en cas de reprise. Par exemple, l'euphorie récente des marchés émergents lors de la reprise allant d'octobre 2008 à fin 2009 n'a pas bénéficié au Maroc. Ce dernier n'a réalisé qu'une modeste performance de 6% contre 113% pour le MSCI EM (indice englobant les pays émergents). Cette déconnection, bien qu'elle soit des fois désavantageuse, est synonyme de risque modéré. En termes de rentabilité, autre caractéristique du marché défensif, le Maroc affiche une rentabilité financière estimée à fin 2010, de 27%, contre une moyenne de 23% dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), en troisième rang après l'Egypte 27% et le Koweit 26%. Par ailleurs, l'évolution du PER du marché marocain est fortement corrélée à sa rentabilité. Un constat rassurant sur le niveau de valorisation de la place pour les analystes d'Attijari Intermédiation. Quatre valeurs tirent la valorisation à la hausse Après Addoha et la CGI qui portaient le PER à ses plus hauts niveaux en 2007, trois ans après, ce sont Risma, CGI, BMCE et Atlanta qui portent le flambeau des valeurs les plus chères qui entrainent avec elles la valorisation de toute la place Casablancaise. Estimé à 22, à fin 2010, par les analystes d'Attijari Intermédiation, ces derniers expliquent que le PER évalué à 16,9, est en ligne avec celui des pays émergents (16,5), après retraitement de ces quatre valeurs qui affichent des PER de 81,33 pour Risma, de 60,1 pour la CGI, de 54,1 pour la BMCE et de 52,9 pour Atlanta. Contrairement à Attijari Intermédiation, les analystes de CFG Group tablent sur un PER de 18 pour une valorisation de 44 pour le secteur du Tourisme comme étant le plus cher, suivi par l'Energie valorisé à 41,9 tandis que le moins cher est le secteur des Biens d'équipement valorisé à 12,2.