Selon une récente étude d'Attijari Intermédiation, la capacité bénéficiaire des sociétés cotées devrait s'établir à fin 2009 à 33,2 milliards de dirhams, en progression de 25,3% par rapport à 2008. Les sociétés cotées marocaines ne connaissent pas la crise. C'est du moins ce qui ressort d'une récente étude réalisée par le département recherche et analyste d'Attijari Intermédiation, portant sur les perspectives du marché en 2009. Selon les auteurs de l'étude, la capacité bénéficiaire de la cote devrait croître cette année de 25,3%, à 33,2 milliards de dirhams. Soit pratiquement le même niveau de croissance que celui des “deux glorieuses” 2006 et 2007. Une tendance qui devrait rompre catégoriquement avec la décrue de l'année 2008, où le bénéfice net agrégé de la corbeille avait accusé un recul de 3,1%, à cause notamment la mauvaise pretasation des secteurs de l'énergie, des mines et des assurances. Trop optimiste ? La réponse des analyses d'Attijari Intermédiation est sans équivoque : “Ces prévisions sont basées sur des hypothèses réalistes, tenant compte des retombées potentielles de la crise pouvant être constatées sur les différents indicateurs macro-économiques”. Ces estimations ne sont pas pour autant figées. Les auteurs de l'étude n'excluent pas en effet leur révision à la baisse, suite à la publication - au terme du premier semestre - d'indicateurs macro-économiques et sectoriels en décélération prononcée. Les stars sont de retour… Les analystes d'Attijari Intermédiation démontrent par le menu détail que cette évolution (prévisionnelle) est tout à fait réalisable. Le retour à l'équilibre de Managem, qui avait accusé un déficit de près de 600 MDH en 2008, ainsi que l'allégement du déficit de la Samir (-1,2 milliards de dirhams en 2008), devraient contribuer à hauteur de 20% à cette performance. Mais le salut viendra des trois secteurs stars de la corbeille : l'immobilier, les holdings et les bancaires. Le secteur immobilier devrait s'illustrer cette année en tant que premier contributeur à la croissance bénéficiaire, avec une part de 38,7%. Ses bénéfices devraient ainsi passer du simple au double, profitant, selon l'étude, de l'effet de déstockage de plusieurs projets dans le segments économique et moyen standing. En deuxième position, le secteur des holdings apporterait à hauteur 22% à la croissance des bénéfices. Le résultat net des holdings représentées à la cote devrait s'améliorer de 60,1%, sous l'effet du retour à l'équilibre de la filiale minière du groupe ONA et de l'allègement du déficit de sa filiale télécoms Wana. Enfin, pesant pour plus de 20% dans le résultat net global de la place, le secteur bancaire devrait réaliser en 2009 une croissance de 11,4% de sa capacité bénéficiaire, se positionnant en tant que troisième contributeur à la croissance des bénéfices du marché, avec une part de 14,5%. Pour le reste des compartiments de la cote, même si les bénéfices devront croître de manière sensible, aucune tendance claire ne semble se dessiner à l'horizon. “La tendance devrait être contrastée entre les différents secteurs de la cote, avec une croissance variant entre 22,1% pour les assurances et -26,8% pour les BTP”, soulignent les auteurs de l'étude. Certains secteurs tels que la distribution ou l'agroalimentaire devraient toutefois profiter des effets de la bonne campagne agricole, conjuguée à une consommation soutenue des ménages, pour réaliser des croissances, respectivement de l'ordre de 19% (liée particulièrement à la grande distribution) et de 11,8%. Les analystes d'Attijari Intemédiation gardent en tout cas la tête froide et soulignent dans leur étude que rien n'est acquis pour le moment. “La publication des résultats semestriels (en septembre 2009) devrait rendre compte des impacts réels de la crise sur certains secteurs”. La croissance des bénéfices devrait par ailleurs rendre encore plus attractif le niveau de valorisation de la place. Retour sur terre Les analystes d'Attijari Intermédiation estiment aujourd'hui le PER du marché à 17,8 fois les bénéfices attendus, contre un PER de plus de 27 fois les bénéfices réalisés en 2008. Une prouesse qui s'explique non seulement par la croissance des bénéfices mais également par la forte correction (-28,1%) accusée par le marché depuis juin 2008. “Le marché est aujourd'hui correctement valorisé et pourrait même présenter une décote par rapport à son PER théorique si une correction ciblée s'effectue ramenant certaines valeurs vers des niveaux de cours plus raisonnables”, soulignent les analystes de la société de Bourse. Autrement dit, le PER du marché pourrait être encore plus attractif si ce n'est la valorisation exagérée de quelques titres de la cote. Les auteurs de l'étude pointent à cet effet quatre valeurs du doigt : CGI, BMCE, Risma et Atlanta. Traitant à des PER variant entre 44,4 et 22,5 fois leurs résultats futurs, ces quatre valeurs, quoique ne représentant que 15% de la capitalisation boursière, faussent sensiblement la valorisation du marché. En attendant que ces titres subissent une correction, “les investisseurs pourraient profiter des opportunités qu'offrent les autres valeurs du marché, eu égard à leur niveau bas de PER”, recommande l'étude. Mehdi Michbal