L'industrie du micro-crédit national est en péril. Du moins, c'est ce que révèle le rapport du très sérieux Consultative Group to Assist the Poor (CGAP), un club formé des plus gros bailleurs de fonds mondiaux pour la microfinance. Notre micro-crédit serait-il victime de son excès de confiance ? Visiblement oui. Ce même organisme avait pourtant tiré la sonnette d'alarme suite à l'évaluation des réalisations de 2008 et avait averti contre une aggravation de la situation. Et ce qui devait arriver arriva. En 2009, le taux des impayés s'est enfoncé et la qualité des actifs s'est détériorée. Une telle situation, au lendemain d'une crise économique mondiale, n'aurait pas été très alarmante s'il ne s'agissait pas de micro-crédit. Dans ce cas, c'est une sorte de bombe à retardement qui menace. Ce type de financement, destiné à améliorer le quotidien des populations les plus défavorisées peut tout de suite virer au cauchemar. C'est ce qui s'est passé en Inde dernièrement, lorsque les bénéficiaires de micros-crédits , incapables de rembourser leurs dettes, se sont donné la mort. Nous n'en sommes pas là, mais mieux vaut prévenir que guérir. Pour un dossier aussi socialement chaud, la politique de l'autruche adoptée entre 2008 et 2009 n'est pas la solution. Notre industrie du micro-crédit en sort encore plus fragilisée et doit être reprise en main. Et contrairement aux autres types de prêt, celui-ci ne peut être soutenu par un resserrement des conditions d'octroi de crédit et de calcul des risques. C'est plutôt d'accompagnement et de suivi sur le terrain dont ces clients ont besoin.