Le processus de reprise des négociations sur l'accord de pêche Maroc-UE suit le calendrier tracé. Le mandat est finalement fin prêt, et la commissaire européenne à la pêche, Maria Damanaki, devrait attendre le feu vert du Parlement européen car sans son aval, le mandat n'a aucune valeur. Mardi, Bruxelles a exprimé son souhait de conclure les prochaines étapes avec la même rapidité affichée jusqu'à présent. De fait, la Commission européenne (CE) craint que Rabat ne soit pas prête à renégocier avec les autorités européennes. Rappelons que le dernier accord a dû se conclure après cinq ans d'intenses négociations. «Nous ne pouvons pas dicter la vitesse avec laquelle va négocier Rabat», ont déclaré des sources européennes proches du dossier pour dégager la responsabilité de la CE de tout retard. De leur côté, les armateurs espagnols affichent une grande satisfaction quant à l'évolution du processus. Contacté par nos soins, Pedro Maza, vice-président de CEPESCA, la Confédération espagnole de pêche, nous a fait part de la confiance des professionnels de voir prochainement les négociateurs assis autour d'une même table. Maza a réitéré sa volonté d'atteindre un accord rentable pour les deux parties et dans ce sens, il a espéré que les négociateurs prennent en considération les suggestions formulées par les professionnels des deux rives. À titre d'exemple, les armateurs souhaitent que les licences soient augmentées dans la partie nord du Maroc au détriment de celles du sud, peu exploitées selon ses dires. De même, les professionnels réclament un élargissement des zones de captures. Selon les informations provenant de Bruxelles, Damanaki a centré sa proposition sur trois axes : environnemental, financier, et légal. Sur le volet de l'environnement, le protocole se centrera sur la pêche des excédents, dans l'objectif de faire taire les voix qui dénoncent la surexploitation des ressources halieutiques. Cela suppose la révision des licences accordées, lesquelles seront certainement revues à la baisse. Par conséquent, la contrepartie financière sera «ajustée», en fonction des captures et donc devrait aussi accuser une baisse. Sur le plan dit juridique, le mandat adopté mardi exhorte Rabat à informer «d'une manière régulière les autorités européennes sur la destination des fonds et l'impact sur les populations locales». Le texte exige du royaume les garanties «de l'accomplissement de ses obligations en matière de droit international». C'est la formule choisie par le Danemark, pays qui assure actuellement la présidence de l'UE, pour s'assurer du silence des pays réticents au pacte. Le Danemark cherchait le consentement de l'Allemagne, des Pays-Bas, de l'Irlande, et de la sorte, espérait couper court à tout éventuel blocage ultérieur. Cela dit, le Danemark s'est toujours aligné sur la position des pays réfractaires à l'accord comme la Suède, la Finlande ou le Royaume-Uni. Cependant, les contestataires qui agitent le conflit du Sahara n'ont rien pu faire devant la farouche opposition de l'Espagne et de la France. Au niveau du Parlement européen, et si l'on parle de cohérence, les eurodéputés devraient approuver ce mandat. Les débats qui ont eu lieu mardi dans l'hémicycle européen portant sur l'accord agricole, ont insisté sur le besoin de prêter main forte au Maroc et de laisser de côté les débats politiciens. Certes, il s'agit de deux accords aux enjeux différents, mais les votants sont les mêmes. Les interventions des pro-accord ont mis l'accent sur le rôle important du Maroc comme partenaire de confiance, et comme l'a signalé l'eurodéputé conservateur Charles Tannok (Royaume-Uni), «la question du Sahara n'a rien à voir avec un accord commercial».