Alors que les négociations entamées avec l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) sont toujours bloquées, le Maroc part à la conquête de l'Afrique centrale. Solidarité panafricaine ou réaffirmation de son rejet de toute politique protectionniste ? Une chose est sûre : Le Maroc ne manque aucune occasion pour courtiser ses voisins du Sud, auxquels il a longtemps tourné le dos. Des négociations seront ouvertes dans les semaines à venir pour discuter des opportunités de signer un accord de libre-échange avec le groupement de la Communauté économique et monétaire des pays d'Afrique centrale (CEMAC). Le ministre du Commerce extérieur avait invité, il y a quelques semaines, la commission du commerce extérieur de la CGEM pour les mettre au parfum d'une relance des discussions sur l'ALE avec l'Afrique centrale. Une convention qui devrait permettre de booster des échanges commerciaux aujourd'hui très modestes. Les exportations de la Cemac (38 millions de consommateurs) sont à peine de 882 millions de DH, soit 17,32% du volume global de ses exportations vers le continent. Côté Cemac, les volumes importés du Maroc sont d'une valeur de 706 millions de DH, soit 16,33 % de ses importations globales réalisées en Afrique. Le privé en conquistador Les opérateurs économiques marocains n'hésitent pas à mettre en avant de tels indicateurs pour dire que le marché est encore vierge. D'ailleurs, l'initiative de signer un accord de libre-échange avec la Cemac émane du privé, plus particulièrement des entreprises qui opèrent d'ores et déjà dans les pays membres de la communauté. Il s'agit des opérateurs dans l'électronique, le bâtiment, les travaux publics, et l'industrie pharmaceutique. Mais, pour eux, il est hors de question d'y foncer tête baissée. Une étude pour partir sur des bases fiables La CGEM a d'ailleurs exigé la réalisation d'une étude préalable à l'ouverture des négociations. « Nous avons demandé au ministère d'effectuer une étude d'impact. Celle-ci sera prochainement réalisée et a pour objectif d'identifier les enjeux de cet accord ainsi que les opportunités qui s'offrent aux entreprises », confie Younes Zrikem, président de la commission commerce extérieur au sein de la CGEM. En attendant que ce rapport soit bouclé, quelques inquiétudes commencent déjà à se manifester. Le scénario des négociations avec l'Uemoa est toujours dans les esprits. Il rappelle un chantier à l'arrêt depuis des années. En effet, si l'ALE avec l'Uemoa peine à démarrer, c'est à cause des guerres intestines. « Le blocage des négociations est dû à des problèmes entre certaines fédérations de métiers et l'administration », confirme une source proche du dossier. De petites batailles qui ont réussi à prendre le dessus sur de gros intérêts économiques. Les chiffres sont là pour en attester : le Maroc exporte à l'Uemoa pour 1,38 milliard de DH et en importe l'équivalent de 444 MDH. Qu'est-ce que la CEMAC? La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) a été créée par le traité signé le 16 mars 1994 à N'Djamena au Tchad. Le lancement officiel des activités a eu lieu le 25 juin 1999 par les chefs d'Etat des pays membres, avec la nomination des responsables des divers organes et l'adoption d'un plan d'action dit «Déclaration de Malabo». Ce groupement comprend six membres : Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad, CongoBrazzaville et République Centrafricaine. Il constitue un prolongement de l'union monétaire (BEAC) et de l'Union douanière et économique de l'Afrique Centrale (UDEAC). Par ailleurs, la CEMAC compte trois PMA (pays les moins avancés) parmi les 6 pays membres, qui sont : la Guinée Equatoriale, le Tchad et la République Centrafricaine. Afin de faciliter l'application du tarif extérieur commun (application des mêmes droits de douane quel que soit le point d'entrée de la marchandise sur le territoire douanier communautaire), les pays membres de la CEMAC ont adopté un système harmonisé de désignation et de codification des marchandises qui circulent de part et d'autre de leurs frontières respectives. Par ailleurs, la population de la CEMAC est de 38,4 millions d'habitants, le PIB par tête d'habitant est de 1.821,2 dollars US. La CEMAC a enregistré en 2008 un taux de croissance (PIB réel) de 6, 2%. Quant aux principales productions de la CEMAC, ce sont le pétrole brut, le cacao, le café, le coton graine et les bois de grume en sciages et dérivés.