Un vent de sérénité souffle sur les rapports entre le les professionnels de la pêche hauturière et le ministère de tutelle. Après un bras de fer qui aura duré plus de deux mois, les tensions entre les deux camps semblent s'apaiser. C'est le cas, notamment suite à la rencontre ayant récemment réuni le ministre de l'Agriculture et des pêches maritimes, Aziz Akhannouch, et l'une des deux associations représentatives du secteur de la pêche hauturière, l'Apapham (Association professionnelle des armateurs de la pêche hauturière au Maroc). Première rencontre du genre à rassembler les deux entités depuis trois ans ! Cette réunion figurait d'ailleurs en tête de liste des requêtes des membres de l'Apapham, qui, rappelons-le, menaçaient en juin dernier, suite à une assemblée générale extraordinaire, de ne pas reprendre l'activité de pêche le 20 juin (date du lancement de la campagne été de la pêcherie céphalopodière). «Cette rencontre a permis de dégeler les rapports entre les professionnels et le ministère. Elle a donné un nouveau souffle au partenariat entre les deux», se réjouit ce haut fonctionnaire du département de la Pêche. À l'ordre du jour de ce meeting : les mesures à prendre en vue de freiner la baisse continue de la ressource céphalopodière, l'application du plan d'aménagement de 2004 relatif à cette pêcherie, la révision des procédures d'octroi des quotas et l'avenir des relations entre les professionnels et l'Institut national de la ressource halieutique. Les professionnels ont communiqué au ministre leurs propositions relatives à ces différents points, durant une réunion qui a duré pas moins de quatre heures. Interdire la pêche du poulpe sur tout le littoral Entre autres suggestions de l'Apapham, figure principalement l'interdiction de la pêche du poulpe le long du littoral, et pas uniquement dans les zones du sud (où la ressources est abondante). L'objectif de cette proposition est de lutter contre le braconnage et la pêche illicite. L'adoption de cette mesure augurera de la fin de l'informel, indiquent les professionnels de l'Apapham. Ainsi les opérateurs de l'informel n'auront plus de points de débarquement et leur marchandise ne trouvera pas preneur (notamment pour exporter, les douanes exigeant des documents signés par l'Office national des pêches –ONP). Selon nos informations, le ministre de la Pêche a adhéré à cette proposition des membres de l'Apapham, tout en les orientant vers l'Institut national de la recherche halieutique (INRH), chargé de déterminer les quotas de pêche et la durée des périodes de repos biologiques. Des réunions entre l'Apapham et l'INRH devraient dresser la feuille de route relative à l'application de cette recommandation, indiquent nos sources. Entre autres propositions de l'Apaham figure, aussi, la création d'une structure chargée de coordonner la lutte contre la pêche illicite, laquelle prendrait la forme d'une ONG. Cette dernière aura pour principale mission de concentrer les efforts de l'Etat et des professionnels pour minimiser l'impact de l'informel sur le secteur. Pour rappel, à l'heure actuelle, la lutte contre la pêche illicite est l'affaire de plusieurs intervenants : marine royale, gendarmerie, Office national de la pêche... L'ONG en gestation devrait aussi jouer le rôle d'un observatoire pour cerner la problématique de l'informel dans le secteur, explique-t-on. Et quid du projet de restructuration de la flotte hauturière ? les professionnels devront prendre leur mal en patience et accorder leurs violons. En témoigne la réponse du ministre, une fois ce sujet remis sur la table : «Ce projet ne sera adopté par le ministère que s'il fait l'unanimité au sein des professionnels», rapporte ce professionnel ayant pris part à la réunion.