C'est une belle opération que celle effectuée par le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi. Lors de la conférence de presse organisée mercredi à Rabat pour présenter la 18e édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL), le ministre s'est entouré des représentants de l'Union des écrivains marocains (UEM), de la Maison de la poésie, de la Coalition marocaine de la culture et des arts, et de l'Association des éditeurs marocains. La présence de tous ces organismes démontre que le bras de fer installé entre les artistes et les intellectuels marocains, d'une part, et le département de la Culture, d'autre part, est bel et bien révolu. Une nouvelle page vient de s'ouvrir entre les deux antagonistes (ou plutôt anciens antagonistes), devenus aujourd'hui partenaires. D'ailleurs, le prix Argana sera décerné cette année par la Maison de la poésie à la poétesse américaine Marilyn Hacker. Dans le cadre du SIEL, c'est une première dans l'histoire de ce prestigieux prix. La conférence de presse qui marque la première sortie médiatique officielle de Mohamed Amine Sbihi, a été donc une occasion de présenter les nouveautés du SIEL, tombé, depuis quelques années, dans la torpeur. Avec comme thème «Un temps pour lire, un temps pour vivre !», cette édition, ouverte au public à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 19 février, connaît la participation de 44 pays. Quant au nombre de professionnels, il s'élève à 706 exposants dont 267 directs et 439 indirects. Concernant le programme culturel, les responsables du département du livre au sein du ministère de la Culture affirment que 112 activités culturelles sont programmées, tout au long du Salon. Cette année encore, un espace dédié à l'enfant est mis en place. Des ateliers, des contes, du théâtre... sont au menu afin d'initier nos mômes à la lecture. Au total, ce sont quelques 140 activités qui sont programmées. Toujours dans la même optique, ce sont 55 tables rondes et rencontres, 20 présentations de nouvelles publications, plus d'une trentaine de rencontres avec des écrivains qui font l'ossature de la programmation de cette édition dont l'Arabie saoudite est l'invitée d'honneur. «Le livre saoudien ne se limite pas au religieux. Il y a des écrivains saoudiens exilés ou installés dans leur pays qui méritent d'être découverts», a affirmé Amine Sbihi, répondant à une question relative aux livres exposés dans le stand de l'invitée phare du SIEL. Par ailleurs, l'on remarque que la plupart des tables rondes seront axées sur l'actualité politique dans la région arabe. En effet, les événements qui ont secoué le monde arabe récemment ont incité les intellectuels de la région à se remettre en question, et surtout à vouloir bien définir le rôle que joue la culture dans nos pays. «Le printemps arabe vu de l'étranger» est le thème, par exemple, d'une rencontre prévue le 18 février avec la participation notamment du directeur de publication du Monde diplomatique, Alain Gresh. Démocratisons la culture ! Le point avec la presse nationale a été aussi une occasion pour le ministre de la Culture d'énumérer brièvement les actions qu'il entend entreprendre pour faire de la lecture «un sport national». «Un rapport a été publié récemment par l'UNESCO, qui a affirmé que le temps de lecture moyen et annuel d'un citoyen dans les pays occidentaux est de 200 heures, tandis qu'il ne dépasse pas, dans les pays arabes, les huit minutes», a précisé Amine Sbihi. Partant de ce fait, le responsable a souligné que toute manifestation ayant une relation avec le livre doit être saisie pour vulgariser la lecture et la connaissance dans notre pays, souvent qualifié d'élitiste. Afin d'atteindre cet objectif ambitieux, le département de la Culture compte tout d'abord équiper les collectivités territoriales et locales de bibliothèques répondant aux exigences de la population. La mise en place d'un réseau de bibliothèques locales et régionales, sous l'égide de la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc (BNRM), fait aussi partie des actions à concrétiser. Conclure des partenariats avec le ministère de l'Education nationale ainsi qu'avec celui de la Jeunesse afin de redorer le blason de la bibliothèque scolaire, mise aux oubliettes, et définir une nouvelle vision innovatrice, capable d'améliorer l'organisation du SIEL, sont, entre autres, les objectifs d'Amine Sbihi. Décidément, le ministre de la Culture a du pain sur la planche...