La Confédération générale des entreprises du Maroc élira, le 22 janvier, ses nouveaux patrons. Chakib Alj et Mehdi Tazi, respectivement candidats à la présidence et vice-présidence sont seuls en lice. Décryptage avec Chakib Alj... La CGEM a connu une période de dissensions internes. Comment comptez-vous fédérer les membres de la confédération autour de votre candidature ? Mehdi Tazi et moi sommes d'âges et d'expériences différents, mais sommes cependant complémentaires. J'ai cumulé des années d'expérience dans l'industrie, et Mehdi dans les services avec une solide connaissance des marchés africains. Dans le cadre de cette campagne, nous organisons une tournée dans les différentes régions et fédérations avec un objectif précis: comprendre les spécificités de chacun pour avoir une vision claire des attentes de nos adhérents. Nous souhaitons une CGEM pour tous, ouverte aux jeunes et aux petites entreprises pour rompre avec l'image élitiste qui lui colle jusqu'à présent à la peau. Nous sommes des hommes de terrain. La fédération des membres de la CGEM et le consensus résulteront de notre programme et de nos résultats. Quelle est votre vision globale concernant la CGEM pour la prochaine période, et quelles sont les priorités de votre programme ? L'heure est à la mobilisation générale du secteur privé pour relancer le développement économique de notre pays. Nous portons une responsabilité forte, celle de relancer l'économie et donc l'emploi, pour offrir à nos concitoyens un avenir prospère. Pour relancer l'économie, il faut absolument la confiance, et pour cela, nous travaillons sur quatre axes que nous sommes en train de compléter dans le cadre de notre tournée des régions et fédérations. D'abord, lever les barrières à l'investissement pour les entreprises de toutes tailles, dans toutes les régions. Il faut renforcer le capital marocain dans l'industrie nationale en donnant plus de visibilité sur les marchés publics, en instaurant une préférence nationale pour nos entreprises citoyennes, et en améliorant la perception du «made in Morocco». Cela passe aussi par le fait de favoriser la concurrence loyale pour rendre attractif l'acte d'investir dans le formel. Quelle est la place réservée aux TPE et PME dans votre programme ? Nous défendons l'ouverture de nouveaux marchés pour nos petites et moyennes entreprises. De ce fait, nous devons accélérer l'export pour nos entreprises en renforçant les dispositifs d'accompagnement via la création d'un fonds, en simplifiant les dispositifs d'accompagnement actuels et en développant la «chasse en meute». Nous pensons également inciter l'investissement dans les régions, par exemple en développant des partenariats public-privé (PPP) pour les plans de développement régionaux. Il nous faudra adapter les compétences de nos entreprises aux enjeux d'aujourd'hui et de demain: le capital humain est fondamental et nous devons réorienter la formation pour la rendre plus efficace et efficiente. Nous souhaitons nous inspirer de modèles d'ingénierie innovants comme ceux de l'automobile ou de l'aéronautique, qui ont déployé des centres techniques d'excellence pour répondre aux spécificités de chaque secteur. La généralisation de la bonne gouvernance au sein de nos TPME est également fondamentale, notamment pour faciliter les sujets liés au financement par les banques. Comment comptez-vous rallier les membres de la CGEM à votre démarche ? En offrant des services impactants à nos membres et en repensant le rôle de la CGEM. Nous comptons renforcer le dialogue des entreprises avec l'administration en développement des «corridors» entre la CGEM et ces administrations, déployer une plateforme B to B plus efficace pour développer le business entre les membres, faciliter la relation avec les banques, etc. Je rappelle que la CGEM représente plus de 90.000 entreprises (directement et indirectement) et certainement plus de 60% du PIB du royaume aujourd'hui. Nous sommes le représentant officiel du secteur privé. Notre force vient de notre représentativité, et nous souhaitons la consolider pendant notre mandat pour peser davantage dans notre environnement économique. Au lendemain de votre élection, quel sera le premier dossier que vous mettrez sur la table du gouvernement ? Les priorités avec le gouvernement sont multiples: réinstaurer la confiance entre la DGI et les entreprises, prendre à bras le corps la problématique des délais de paiement, simplifier les procédures administratives, en particulier au niveau local, participer au lancement d'un nouveau plan d'industrialisation, reprendre les négociations autour du dialogue social, etc. En tout état de cause, nous voulons établir une relation de partenariat et de confiance entre le gouvernement et la CGEM. C'est de cette façon que nous pourrons être efficaces et dérouler les dossiers. Quelle est votre conception du rôle du groupe parlementaire de la CGEM, ainsi que la place de la politique au sein de la confédération ? Le groupe parlementaire de la CGEM est l'émanation de la CGEM. Il a pour rôle de porter la voix de l'entreprise quels que soient sa taille, son secteur d'activité et sa région. La présence des conseillers CGEM à la deuxième chambre permet d'introduire des projets de loi auprès du Secrétariat général du gouvernement et de proposer des amendements. C'est une approche démocratique qui permet de défendre les intérêts du secteur privé de notre économie dans la plus grande transparence et clarté.